FANFARLO – Reservoir
(Autoproduit) [site]
Encore une fois, me direz vous : un groupe suédois (enfin, anglo-suédois plutôt) qui distille quelques-uns des meilleurs cépages de la pop récente. Le petit jeu du décryptage des influences est certes un exercice maintes fois rebattu, mais les ombres d’Arcade Fire, Clap Your Hands Say Yeah ou encore Beirut sont ici bien trop visibles pour ne pas les mentionner. Sans compter la voix de Simon Balthazar, dont les intonations semblent parfois étrangement suivre celles de ces modèles en synchronisme avec le style prédominant de chaque titre.
Voilà, c’est dit. Une fois planté ce décor, il devient possible de passer à d’autres considérations, finalement plus essentielles : à savoir que les onze chansons (j’ai bien dit "chansons") qui composent cet album très homogène sont tout simplement épatantes. Sans chercher spécialement à dépasser les limites du terrain de jeu (assez large il est vrai) que lui octroie la somme de ses influences, le groupe s’évertue plutôt à l’occuper de la meilleure manière possible. Le charme de l’album se crée plutôt par l’attention particulière apportée aux arrangements (cordes, cuivres, tout y passe sans la moindre sensation d’écoeurement), adossés à des lignes mélodiques toujours soignées et souvent pimpantes (au hasard, "Ghosts", "The Walls Are Coming Down"). Difficile alors de résister à un croisement des styles aussi réussi. Ou plutôt devrait-on parler d’une élégance certaine pour les manier tous. L’exercice avait à la base tout pour être sympathique, mais c’est d’affection que l’on se prend aussi. Et ce ne sont pas des douceurs comme "Comets", "Drowning Men" ou surtout le touchant "Finish Line" qui nous retiendront dans cet élan.
Il y a donc des albums qu’on aime évoquer, d’autres que l’on aime écouter, et celui-ci se pose résolument dans la seconde catégorie. La recherche du plaisir avant l’exploit est-elle le moyen d’atteindre les plus belles réussites ? Peut-être. De se rapprocher un peu du bonheur, sûrement. En tout cas, là, il n’y aura qu’à se baisser pour en ramasser.
Marc Schmit
I’m a Pilot
Ghosts
Luna
Comets
Fire Escape
The Walls Are Coming Down
Drowning Men
If It Is Growing
Harold T. Wilkins or How to Wait for a Very Long Time
Finish Line
Good Morning Midnight