KÜTU FOLK RECORDS
Avec l’émergence du label Kütu Folk, Clermont-Ferrand s’affirme un peu plus comme un foyer musical effervescent où une poignée de musiciens biberonnés aux labels indé américains et au folk des grands espaces, (mais peu enclins à se bercer d’illusions) ont choisi de prendre leur destin en main.
Aux commandes du collectif, Alexandre Delano, Damien Fahnauer, François-Régis Crosier et Bertrand Blanchard, (respectivement leaders de The Delano Orchestra, Leopold Skin, St Augustine et Pastry Case), ont sorti ce printemps quatre disques quasi simultanément, inventant une musique cousue-main qui leur va comme un gant. Du bel ouvrage…
Comment est né le collectif Kütu Folk ?
Alexandre (The Delano Orchestra) : En fait, on se connaissait déjà avant. On faisant de la musique ensemble. Dès le début, on a pensé à créer ce label qui est né d’un projet que Damien et moi avions initié. C’était un petit projet musical avec une distribution locale d’une cinquantaine de disques dans un format particulier : des pochettes carton cousues dans lesquelles étaient insérés les disques. Ça a donné le nom du label et son esthétique. A partir de ce moment-là, nous avons aussi organisé pas mal de concert avec l’association. Et là, ça a pris une nouvelle ampleur avec la sortie nationale et quasi simultanée de quatre disques Kütu.
Est-ce que votre collectif/ label est aussi ouvert à d’autres disciplines artistiques ?
Damien (Leopold Skin): nous avons mené des projets avec des danseuses qui n’étaient pas intégrées dans le collectif et aussi avec un vidéaste, Sylvain, qui avait assuré une soirée d’anniversaire.
François-Régis (St. Augustine) : on a aussi travaillé avec le fond régional d’art contemporain d’Auvergne… Mais à chaque fois, ce sont des collaborations entre Kütu et d’autres entités. On est vraiment sur la musique.
Bertrand (Pastry Case) : on voudrait rester assez ouvert à d’autres disciplines comme l’illustration et on a déjà évoqué l’idée de sortir des livres…
La création de ce label est-elle une réaction à un constat : pas de place dans l’industrie du disque pour nous, on va se débrouiller par nous-mêmes ?
Alexandre : on ne s’est pas posé la question en ces termes parce que dès le départ il y a eu la structure Kütu. Donc, non ce n’est pas une réaction ou le choix d’une alternative.
François-Régis : non, ce n’est pas un constat de manque dans la mesure où Delano Orchestra a travaillé avec un autre label plus officiel, que pour ma part, après le Printemps de Bourges 2008, j’ai aussi été pas mal approché ainsi que Pastry Case… Non, le but, ça a toujours été de faire les choses ensemble le plus honnêtement possible et en gardant le contrôle. Ce label est né du désir de faire ce qu’on voulait quand on le voulait.
Alexandre : Ce constat dont tu parles on le ressent maintenant car il y a plein de gens à Clermont qui parlent de suivre notre exemple suite à des échecs auprès de label existants. Monter une structure c’est complètement dingue mais nous on l’a fait parce qu’il y avait une vraie cohérence dans le fait de le faire.
François-Régis : Après pour parler prosaïquement, le but c’est aussi d’être viable c’est-à-dire de pouvoir continuer à sortir des disques.
Alexandre : On a eu la chance de pouvoir être aidé par des subventions publiques mais sinon on part de zéro. On n’a pas de budgets marketing ou communication du coup, on se rend bien compte de la difficulté d’arriver à parler de nous. Ça se fait dans la longueur… C’est work in progress…
Est-ce qu’il y a une philosophie ou une charte qui est propre à votre collectif ?
François-Régis : Exactement, bravo !
Alexandre : On l’a faite parce qu’on nous a dit qu’on avait une vraie démarche et qu’il fallait l’écrire. Alors cette charte dit : que chacun fasse une musique qui lui correspond vraiment, qu’elle soit sincère et personnelle, que l’artiste suivre son projet jusqu’au bout y compris pour le visuel de la pochette, que les pochettes soient cousues…
Et une charte sur les genres musicaux que vous couvrez ?
Alexandre : Non pas vraiment…
Bertrand : … sauf peut-être pour le reggae (rires)
C’est vraiment rédhibitoire le reggae ?
François-Régis : Pas sûr. C’était une blague.
Damien : Pour l’instant, on est tous les quatre dans Kütu mais on a aussi envie de s’ouvrir à d’autres personnes qui auront envie d’intégrer l’esprit de notre collectif.
François-Régis : Oui, c’est sûr, il y a folk dans le nom mais ce n’est pas le seule critère. On n’a pas tous la même définition du folk. Entre Delano et Pastry Case il y a musicalement très peu de points communs mais c’est l’état d’esprit qui nous unit, la sincérité et la personnalité des projets. Et si on peut trouver des gens, peu importe le style, qui ont le même état d’esprit, c’est possible d’ouvrir Kütu à d’autres.
Il y a déjà des postulants ?
François-Régis : Oui il y a beaucoup de postulants, mais sans vouloir tailler, il y a beaucoup de choses qui sont folk parce que Kütu Folk Records mais qui ne nous intéressent pas parce qu’elles sont pensées pour marcher. On ne sent pas vraiment la patte de quelqu’un derrière.
Alexandre : On reçoit pas mal de dérivés de Cocoon, en clair.
Ça peut-être pas mal d’avoir un nouveau Cocoon pour viabiliser la structure justement ?
(rires)
Alexandre : On a quatre visions du songwriting en gros et ce serait bien d’en avoir d’autres, sans avoir des clones de ce qu’on est déjà.
François-Régis : On reçoit aussi pleins de projets intéressants…
… qui sont régionaux ou pas uniquement ?
Alexandre : il y a un projet régional qui nous intéresse vraiment mais on réfléchit aussi à développer le label en allant chercher des artistes étrangers qui voudraient sortir leurs disques sous la forme des pochettes Kütu. On en parlait à Jeremy Warmsley tout à l’heure par exemple…