BETH ORTON – Trailer Park
(Heavenly / Sony Legacy) [site] – acheter ce disque
Beth Orton a maintenant une belle carrière derrière elle, mais au moment où parut ce premier album, en 1996, elle était uniquement connue grâce à sa collaboration avec William Orbit et les Chemical Brothers (elle chante sur le titre "Alive Alone", sur "Exit Planet Dust").
Elle réalisa cependant dans la foulée non seulement un des grands buzz des années quatre-vingt dix, mais surtout un disque folk passé à travers les filtres de la techno et des rave parties, prouvant une fois de plus qu’il n’existe de frontières que dans les esprits conformistes.
L’édition Deluxe de "Trailer Park", en premier lieu, surprend quelque peu l’auditeur, étonné d’écouter un disque sonnant aussi nouveau qu’il y a treize ans. L’alchimie entre la voix si particulière de Beth Orton, l’élégante electronica, et la parfaite maîtrise de la technique du picking, est toujours aussi réjouissante. La lourde basse et les cordes accompagnant les effets électroniques forment un ensemble tout autant solide qu’original. Le chant rauque d’Orton ne manque pas de souplesse, ce qui lui permet d’évoquer des émotions subtiles avec une saisissante économie de moyens.
Si "Trailer Park" est toujours aussi bon, c’est que Beth Orton adopte les fondamentaux de la folk, à savoir la vulnérabilité et la spontanéité, tout en réussissant à ne pas en être dépendante ni trop respectueuse. Les assises des chansons sont très solides, et elles ne perdraient aucunement en qualité si l’on s’amusait à changer l’instrumentation, troquer les beats pour une simple guitare acoustique, ce qui est d’ailleurs démontré avec "I Wish I Never Saw the Sunshine". L’Anglaise est autant à l’aise dans le format quelque peu austère de cette dernière ou de "Whenever" (couplet, refrain, couplet, pont, couplet, refrain) que dans des compositions aux structures linéaires ("Galaxy of Emptiness", somptueuse, avec sa longue introduction trip-hop et ses dix minutes d’incessants acroissements des ambiances et des effets électroniques). L’équilibre parfait entre la voix et la musique, par ailleurs, de même qu’entre la tradition et l’expérimentation , est trouvé avec "Tangent", dont les rythmes percutants, rappelant beaucoup Massive Attack, servent de sombre écrin à un texte qui ne l’est pas moins : "They say that you weave deadly tricks/Cantrip to the worldly hicks/Stare cold with dull surprise/Spark evil to hell in every tear you cry…"
Pour fêter la réédition de l’album, Sony y a ajouté un second disque, et contrairement à la plupart des Legacy Editions, il s’avère de plus en plus précieux au fil des titres. On retiendra, en laissant l’auditeur découvrir le trésor par lui-même, la version live de "Galaxy", possédant de bout en bout une flamme et une pétulance dont l’originale est dépourvue, les différentes versions de "Best Bit" et les intéressantes collaborations avec le grand Terry Callier. Une très sérieuse réédition pour un album qui mérite de figurer dans toutes les bonnes discothèques.
Julian Flacelière
CD1
She Cries Your Name
Tangent
Don’t Need a Reason
Live As you Dream
Sugar Boy
Touch Me With Your Love
Whenever
How Far
Someone’s Daughter
I Wish I Never Saw the Sunshine
Galaxy of Emptiness
CD 2
Safety
It’s Not the Spotlight
Galaxy of Emptiness (Live)
Pedestal
Touch Me With Your Love (Instrumental)
It’s This I Am Find
Bullet
Best Bit (Early Version)
Best Bit
Skimming Stone
Dolphins (feat. Terry Callier)
Lean On Me (feat Terry Callier)
I Love How You Love Me