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Concerts

DM Stith, The Acorn – La Maroquinerie, Paris, le 15 mai 2009

DM STITH, THE ACORN – La Maroquinerie, Paris, Le 15 Mai 2009

Des amis au goût sûr, ayant vu DM Stith en première partie de Shearwater deux jours plus tôt au Café de la danse, m’avaient prévenu : j’avais intérêt à arriver à l’heure, pour une fois. A 20 heures pétantes, me voici donc au pied de la petite scène de la Maroquinerie, sur laquelle le jeune Américain vient de s’installer avec ses musiciens : soit une violoncelliste à lunettes, une violoniste à lunettes, un bassiste à lunettes et à l’air absent, semblant tout droit sorti d’un groupe de Sarah records, et un percussionniste sans lunettes.

DM Stith

S’accompagnant à la guitare et parfois aux claviers, DM Stith ressemble un peu à une grenouille, comme il nous l’a dit en interview, mais davantage à un oiseau de proie, avec son visage en lame de couteau. Par ailleurs, il s’est déchaussé, histoire d’être plus à l’aise. Bref, pas de quoi détrôner Justin Timberlake en une des magazines. Mais dès qu’il commence à chanter, d’une voix haut perchée et insaisissable, c’est le frisson assuré. Plus chaleureuses, moins hantées que sur disque, ses chansons devant autant au folk qu’à la musique contemporaine gardent néanmoins toute leur fascinante étrangeté, qui peut rappeler certaines expérimentations de Tim Buckley au tournant des années 60-70 ou celles, plus récentes, de Scott Walker.

Pour autant, le garçon, désarmant de simplicité et de gentillesse, n’a rien d’un génie tourmenté. Stith est plutôt, à l’instar de ses amis et voisins à Brooklyn, Sufjan Stevens et Shara Worden (My Brightest Diamond), un honnête artisan qui ne peut se satisfaire de la banalité. Voir le morceau joué au rappel, où la violoniste et la violoncelliste échangent leurs instruments contre des tuyaux de plastique flexibles qu’elles font tournoyer au-dessus de leur tête, produisant un son étrange, proche du Theremin ou des ondes Martenot.

Leur succédant sur la scène de la Maroquinerie devant une petite centaine de spectateurs, les six musiciens de The Acorn ont l’air également très heureux d’être là. Perpétuant la tradition canadienne de groupes à large effectif (Godspeed, Arcade Fire, Broken Social Scene…), le très avenant Rolf Klausener et ses acolytes d’Ottawa s’avèrent tout aussi impressionnants sur scène que leurs illustres prédécesseurs. Le binôme formé par les deux batteurs (un batteur et un batteur-percussionniste, plus précisément) est d’une efficacité redoutable et permet au folk-rock indie plutôt orthodoxe de The Acorn de dériver par moments vers des approches rythmiques plus « exotiques » (leur album « Glory Hope Mountain », sorti l’année dernière, est inspiré par la vie de la mère de Klausener, originaire du Honduras).

The Acorn

Mélange idéal d’acoustique (beaucoup de ukulélé) et d’électricité parfois féroce (quand ils sortent la troisième guitare, on sort les bouchons d’oreilles), leur beau son rend justice à des chansons d’une grande finesse d’écriture, souvent exaltées mais ne forçant jamais sur l’emphase. Les musiciens s’échangent les instruments, sont parfois quatre à chanter ; ce groupe où les ego semblent bien tenus est remarquable de cohésion et de générosité. Ce vendredi-là, à la Maroquinerie, c’était vraiment la soirée des chic types. Et ça faisait du bien.

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