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Villette Sonique – Interview d’Etienne Blanchot

VILLETTE SONIQUE

Sonnez tambours et trompettes, le festival la Villette Sonique revient investir une nouvelle fois la Grande Halle et le parc de la Villette. Une ruche sonore, au cœur d’un havre de verdure lui-même enchâssé dans un tissu urbain saturé. Au cœur de ce magma, un homme, Etienne Blanchot, programmateur du festival. Avec sa barbiche de mousquetaire gascon, c’est lui qui croise le fer en coulisse pour que Liquid Liquid, aujourd’hui, Devo et Throbbing Gristle, hier, remontent sur une scène parisienne. Loin de s’enfermer dans un élitisme bon teint, l’homme parle au contraire, d’ouverture et de partage. Un idéaliste ? Non, un passeur. Un pour tous, tous pour Blanchot !

Etienne Blanchot (Villette Sonique), par Julien Bourgeois

Quelle est l’idée de départ de "La Villette Sonique", le concept ?
On fait toujours le festival où on aimerait aller, le festival qui semble manquer sur la carte. Pour notre part, on avait envie de faire un festival totalement libre et exigeant artistiquement, pointu sans être aride, ouvert tant sur l’écoute que la fête, sans idées préconçues quant aux genres musicaux, sans chapelles. On cherchait aussi à souligner par les faits, l’intérêt public réel et conséquent que suscitent certaines musiques hâtivement rangées dans des catégories fourre-tout "difficile, bizarre…" par l’industrie et les gros médias. Enfin, on ne voulait pas s’assujettir comme beaucoup de festivals uniquement à l’actualité musicale en programmant également des artistes et des groupes fondamentaux et intemporels, en replaçant les artistes d’aujourd’hui dans une histoire musicale globale. En gros, on avait envie de défendre une vision adulte de la pop culture en essayant de ne pas se prendre trop au sérieux.

En quoi le festival est-il intimement lié au parc de la Villette ? Aurait-il une raison d’être ailleurs ?
La Grande Halle et, a fortiori, le Parc de la Villette offrent un décor et un contexte vraiment uniques en leur genre. La grande salle "Charlie Parker" de la Grande Halle s’est révélée l’année dernière très bien sonner et on peut compartimenter à loisir le reste du bâtiment en fonction des projets.
Les concerts en plein air se déroulent chaque année dans différents endroits du parc (jardins thématiques, folies, prairies), on réfléchit beaucoup à la taille et à l’emplacement des scènes, aux perspectives. Ainsi on invite à découvrir (ou redécouvrir dans des conditions particulières) des artistes mais aussi le Parc de la Villette. De plus la dimension de mixité culturelle sur le public du plein air est une des composantes essentielles du projet. Rien de plus réjouissant que de voir danser un habitué du parc, sur une musique a priori à des kilomètres de sa propre culture. Les concerts en plein air prouvent chaque année, le potentiel jouissif et grand public de ces musiques iconoclastes.

Quel est votre public ?
On a la chance de pouvoir compter sur une base de public ultra-fidèle à Paris bien sûr mais, de plus en plus, partout en France. Un public exigeant lui aussi quant au programme, aux tarifs et aux conditions d’écoute.
En plus de cette large base, comme nous avons très à cœur d’élargir le cercle, nous allons à la recherche du plus large public possible (et ça fonctionne plutôt). On n’a pas de tabou avec la propagande.

En quoi la programmation de ce festival se démarque-t-elle de celle des festivals indie pop/rock plus classiques ?
Ce n’est pas tellement à nous de le dire. Maintenant c’est certainement notre liberté de programmation. Ne rien s’interdire, dans le pointu comme dans le festif. Tant que la qualité est là. On s’intéresse plus aux artistes dans leur personnalité qu’aux genres musicaux en soi. Si nous suivons de près les évolutions musicales récentes (Dan Deacon, Diplo ou les Black Lips sont au line-up cette année) on a tous les ans le goût de proposer des fondamentaux, les groupes qui ont forgé les bases du son qu’on écoute aujourd’hui. Ce sera encore le cas cette année avec les concerts de Liquid Liquid (la référence majeure du label DFA de James Murphy), avec les Goblin (une des balises de Justice, Cosmo Vitteli, the Emperor Machine) et avec la nuit autour de Richie Hawtin à qui la techno minimale doit beaucoup.

 

 

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