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Great Lake Swimmers – Lost Channels

GREAT LAKE SWIMMERS – Lost Channels
(Weewerk / PIAS) [site] – acheter ce disque

GREAT LAKE SWIMMERS - Lost ChannelsEn 1760, une petite embarcation s’avance sur le Saint Laurent, envoyée en reconnaissance par un navire de guerre britannique. Au milieu de cet Eden encore sauvage, l’archipel des "Thousand Islands", le bateau disparaît mystérieusement. On n’en sait guère plus sur cette disparition, si ce n’est que ce passage du fleuve, entre le Canada et les Etats-Unis, est appelé "Lost Channels". C’est aussi le coin qu’ont choisi les Great Lake Swimmers pour enregistrer, et titrer, leur quatrième album, et il faut bien dire que cette ambiance crépusculaire les a particulièrement inspirés. Les références à l’eau, à la nature tumultueuse ou inquiétante, sont insidieusement présentes tout au long de l’album, mais Tony Dekker ne signe pas là un recueil d’histoires sombres ; au fil de "Lost Channels" on dérive plutôt entre ambiances atmosphériques et intimité de sentiments universels murmurés, si bien qu’à aucun moment on n’a l’impression d’une mise en scène des morceaux, mais bien plutôt de douze petites perles imprégnées de l’ambiance des lieux, entre folk terrien et ballade fluviale.

D’une simplicité impressionnante, l’album est magnifique de bout en bout ; rythmés par des guitares folk qui chez d’autres paraîtraient banales, les onze titres sont relevés par la qualité constante des compositions, et par la voix de plus en plus lumineuse et veloutée de Dekker, incroyablement expressive. Le banjo se fait plus discret que sur "Ongiara", si bien que l’album déroule ses attraits sous une forme plutôt traditionnelle, guitares basse batterie, plus folk rock que folklo, mais avec une hauteur poignante ("Everything Is Moving So Fast") voire religieuse ("Concrete Heart", ses cordes frottées). Parfois l’album revient à des fondamentaux qui ne sont pas sans rappeler Neil Young dans ses moments de folk brut mais lyrique (période "Comes A Time"), d’autant que les histoires de bayou du Loner ("Thrasher", "Powderfinger") participent des mêmes ambiances, comme sur "The Chorus in the Underground", avec sa guitare picking et ses gimmicks de violons folk : si ces quelques intermèdes ne sont peut-être pas les meilleurs titres, c’est seulement parce que les Great Lake Swimmers ont mis la barre très haut sur "Lost Channels", dont les superbes ballades ponctuent cette lente dérive au fil du fleuve. Comment ne pas vouloir se perdre dans les choeurs de "Palmistry" ou se noyer dans les volutes vocales de "Stealing Tomorrow" ? Les Great Lake Swimmers sont un grand groupe, et, à l’écoute devenue obsessionnelle de "Lost Channels", je me dis que les amples méandres du Saint-Laurent ne sauraient trouver chantre plus émouvant.

David Dufeu

A lire également, sur Great Lake Swimmers :
la chronique de « Ongiara » (2007)
l’interview (2005)
la chronique de « Bodies and Minds » (2005)
la chronique de « Great Lake Swimmers » (2004)

Palmistry
Everything Is Moving So Fast
Pulling on a Line
Concrete Heart
She Comes to Me in Dreams
The Chorus in the Underground
Singer Castle Bells
Stealing Tomorrow
Still
New Light
River’s Edge
Unison Falling Into Harmony

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