MONSTER
(Le Jardin Collectif / Anticraft) [site]
Vous croyiez ne plus pouvoir vous enthousiasmer pour les chanteuses guitaristes torturées ? Détrompez-vous, Monster arrive ! Par des routes déjà archi-fréquentées par le passé, toutefois un peu plus désertées ces temps-ci, la Californienne marche allègrement sur les plate-bandes de Cat Power et de PJ Harvey, visiblement sans complexe aucun. Armée de sa guitare, parfois d’un piano, épaulée par un batteur, et, à l’occasion, par quelque trompette par-ci, quelque violon par-là, Alexandra Johnstone n’en reste pas moins aux fondamentaux qui ont fait l’efficacité des sus-citées, et surtout, avec le même talent.
Dans une pure tradition indie, Monster déroule les morceaux en une tension permanente, tout en ruptures de rythmes, et c’est souvent à couper le souffle, tant la dynamique des compositions, échappant au flux tendu, reste toutefois sur la corde raide : guitare rêche, parfois franchement distordue, et voix écorchée font l’essentiel du travail – une voix, qui, certes, rappelle quelques heures glorieuses du rock féminin des années 90, mais dont l’émotivité unique, toujours à fleur de peau, ne laisse pas indifférent, que ce soit dans les moments apaisés, ou dans de fiévreuses montées en puissance. Au final, ce son déjà entendu, ces compositions sèches et nerveuses, pourraient évoquer les White Stripes, comme c’est le cas sur "Sincere Blues", si la plupart des morceaux ne recélaient derrière une simplicité de façade des constructions souvent complexes, et des mélodies vocales élaborées. Promenant l’auditeur sur des bases connues, entre folk électrique, blues et rock, la musique de Monster sent paradoxalement l’absence de compromis – dès l’ouverture (magnifique "Alice Dupont"), on est happé par la sombre clarté qui tombe de cette étoile.
David Dufeu
Alice Dupont
Golden Cloaked
Pink Sky
Shoes of a Slave
Sincere Blues
Charlatan
Wind in the Trees
Monsoon
We Shot It
World Go