XAVIER PLUMAS, DEAR READER, VETIVER – Concert "Les Nuits De L’Alligator", La Maroquinerie, Jeudi 19 Février 2009, Paris
Nous nous en voudrions presque d’avoir manqué la quasi totalité de ce festival parisien capable de réunir un casting d’enfer sans faire de bruit : Emily Jane White, Mariee Sioux, Lonely Drifter Karen, Vetiver, War on Drugs, Uzi And Ari, Deerhunter et même Kill The Vultures, combo de hip hop de Minneapolis dont il a déjà été dit grand bien sur POPnews ! Avouez qu’il y avait de quoi frissonner de plaisir devant ce parterre de stars indies venant croiser le fer sur les territoires marécageux d’un folk protéiforme fortement teinté de pop, de patchouli, de hillbilly, de punk ou de blues. Ç’eût été un acte quasiment manqué sans cette soirée de repêchage à La Maroquinerie en compagnie de Xavier Plumas, Dear Reader et Vetiver. Moralité : se méfier de l’eau qui dort et de son alligator !
C’est le Sarthois qui a l’honneur d’ouvrir la soirée. Un démarrage en douceur où il vient livrer les chansons intimistes de son premier album solo "La Gueule du Cougouar". Ambiance feutrée pour chansons boisées. Le guitariste Thierry Plouze et Renaud Gabriel Pion aux instruments à vent (des instruments parfois étonnants !) tissent un écrin soyeux autour de ses chansons fragiles. Il faut reconnaître que le dénuement lui va plutôt bien. Plumas, qui n’a pas une grande tessiture de voix, se découvre une expressivité nouvelle dans un registre plus aride. Il chante comme s’il avait le gosier sec en feulant comme un animal blessé. Parfait exemple de cette interprétation, "I Call Your Name" qui inaugure le set ou les superbes "Nos Eaux profondes" et "En Zone inondable". Le public est suspendu au souffle du chanteur dans un quasi-recueillement. C’est tout simplement magnifique.
Puis vient le tour d’un groupe de Johannesburg. Dear Reader. Un trio qui nous balance à la figure ses mélodies catchy et ses jolies harmonies vocales avec une fraîcheur déconcertante. Le groupe apporte un rayon de soleil qui contraste avec le folk crépusculaire de Plumas. Cette bonne humeur communicative, on la doit surtout à la pétillante chanteuse, Cherilyn MacNeil, obligée de meubler à plusieurs reprises à cause d’avaries techniques. La demoiselle chante et joue comme Kate Nash, avec ce timbre perché de fille futée aussi à l’aise au piano qu’à la guitare. Derrière elle, les deux boys assurent et s’envoient des vannes. Le set est très court mais suffisamment long pour s’attacher à ces trois musiciens pas prise de tête.
"What a fucking hippie time !" C’est par cette formule lancée dans le public que démarre le set de Vetiver, venu défendre son dernier disque "Tight Knit". Le groupe de San Francisco, emmené par le songwriter Andy Cabic, se présente sous la forme d’un quintet plutôt électrique. En fait de hippie, Andy Cabic porte une chemise à carreaux et se rapproche plutôt du look de cowboy intello de Jason Molina. Ses camarades n’ont pas plus l’air échappé du Summer of Love que lui, excepté le batteur (aperçu sur scène aux côtés d’Alela Diane) avec sa veste à franges et son chapeau mou. Vetiver joue comme Grateful Dead ou Magnolia Electric Co, un folk rock un peu bluesy, parfois épique souvent sinueux. Ça planerait presque dans la salle. Même si le coffre limité du chanteur contraint le groupe à jouer ses chansons dans un registre un peu en demi-teinte, Vetiver offre une prestation assez intense. Pour le rappel, le groupe donnera le choix au public entre un morceau "doux et calme" et un morceau "qui bouge" : vote à la (quasi) unanimité pour le morceau rock !
Luc Taramini (with a little help from Christophe Dufeu)
Photos : Marie-Elise Bonnefont pour Le Hiboo
Merci à Ivox