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Festival Mo’Fo – Édition 2009 : The Nightcrawler, Yeti Lane, The Zombies, Damon & Naomi, Malcolm Middleton, The Wave Pictures, Laetitia Sheriff

FESTIVAL MO’FO – Édition 2009 : The Nightcrawler, Yeti Lane, The Zombies, Damon & Naomi, Malcolm Middleton, The Wave Pictures, Laetitia Sheriff

Festival Mo'Fo 2009Commençons tout d’abord par exprimer le petit bonheur de retrouver ce festival, mis en veilleuse il y a trois ans, et bienheureusement ressuscité cette année : un festival à taille humaine, dans une salle qui mérite le détour (oui, il faut faire un détour pour aller à Saint-Ouen, mais il est tout petit), un accueil chaleureux, de l’espace, des concerts qui s’enchaînent sans temps mort sur deux scènes (la scène Mo et la scène Fo), un Mo’Forum renforçant encore le côté humain de l’affaire et, comme de bien entendu, une programmation des plus intéressantes.
Déplorons ensuite (car il le faut bien) l’annulation de la première soirée, les organisateurs préférant éviter le risque d’un naufrage total pour cause de grève générale. Dommage dommage.

Vendredi 30 janvier

Le festival commence donc ce vendredi et, parti fureter au nord pour raisons professionnelles, je loupe le précoce concert de l’ami Pokett. Même si je me rattraperai partiellement plus tard via les écrans qui rediffusent les vidéos du festival, je peste. Le premier concert auquel j’assiste fugitivement, arrivant à trois morceaux de la fin, est donc celui de l’Américain inconnu originaire de Nashville qui défraie la chronique, The Nightcrawler. Dissimulé sous un couvre-chef qui vous empêcherait de reconnaître votre voisin lui-même, l’homme mystérieux délivre un folk caressant qui réclame toute l’attention, adoptant parfois de séduisants déhanchements soul. A suivre.

Yeti Lane, par Guillaume Sautereau

La suite est à aller chercher dans l’autre salle, avec Yeti Lane, le nouveau projet des trois rescapés de Cyann and Ben. C’est un premier temps fort pour le festival, les trois Parisiens ayant notablement haussé le ton et le rythme de leurs compositions par rapport à leur précédente expérience. Aux confins du krautrock et de la pop, le trio réussit à ne pas sombrer dans les travers du bavardage progressif et conquiert le public par ses refrains conquérants et les mélodies en ligne brisée de ses guitares. Coup de coeur, comme on dit.

Rod Argent, The Zombies

Le tour ensuite au « gros morceau » de cette première journée, à savoir les Zombies. Désolé pour Robin Leduc, dont je ne m’autoriserai pas à commenter la prestation, même si le public massé devant la scène Fo en prévision du concert des vétérans anglais eut la possibilité de la suivre sur l’écran géant servant de rideau (ou l’inverse). Je me bornerai à constater qu’il a changé de lunettes depuis la fois précédente où je l’avais vu, et que je préférais les précédentes. Menfin.

Voici donc les Zombies. Pour la première fois sur une scène française depuis 43 ans (selon Colin Blunstone). Sans trop m’avancer, je peux imaginer que la plupart des membres de l’assistance, à l’exception des quelques authentiques anciens combattants des sixties, partagent peu ou prou la même expérience que moi vis-à-vis du groupe. Les Zombies, ce fut d’abord pour moi une simple référence d’album, « Odessey and Oracle », balancé au sein d’une énumération de merveilles moins obscures telles « Pet Sounds » ou « The Village Green Preservation Society ». C’est donc un disque au départ introuvable, mais révéré par de plus en plus de monde au fil des rééditions, des palmarès des « 100 trésors cachés » ou du développement du peer-to-peer, pour au final constituer ce Saint-Graal reconnu, cette merveille des merveille de pop psychédélique sixties (le « Pet Sounds » anglais, comme le disent les stickers).
Le problème, c’est que si pour nous (encore, une fois, je généralise peut-être, pardonnez-moi), les Zombies, c’est « Odessey and Oracle », coincé dans sa bulle temporelle, figé dans son chromo d’époque certifié compatible indie-kid du vingt-et-unième siècle, pour ses auteurs, ce n’est qu’une étape – et pas forcément celle dont ils gardent le meilleur souvenir – d’une carrière qui s’est poursuivie ensuite à travers quatre décennies, et comme Colin Blunstone nous l’annonce d’entrée, du haut de cette scène, quarante années de carrière vont défiler. Et pendant tout ce temps, les occasions de faire preuve de mauvais goût – au moins selon nos critères actuels – n’ont pas manqué, loin de là, alors que nous, on était occupés à ne pas être encore nés ou à écouter Felt, Belle and Sebastian ou Sigur Rós (au hasard). Bon, voilà pour une explication vaguement théorique de ce qui va se produire.

Colin Blunstone, The Zombies

En pratique, on a tout de même droit à un début de concert prometteur, avec même cinq extraits d' »Odessey and Oracle » : la version de « Care of Cell 44 » est enthousiasmante, celle du superbe « A Rose for Emily » patauge un peu malgré des harmonies vocales imparables, celles de « This Will Be Our Year » et « I Want Her She Wants Me » sont honnêtes. Colin chante superbement, Rod Argent assure aux claviers et la section rythmique ne fait pas de vague. On sent que ça pourrait dégénérer sur « Time of the Season », et ça se gâte effectivement très vite : Rod Argent fait saillir ses muscles aux claviers, aucun écueil du répertoire solo ou en groupe des Anglais n’est évité et surtout… pour la première fois de ma vie, j’assiste non pas à un, mais à deux solos de guitare en tapping. Car oui, le guitariste là-bas à gauche, avec sa bouille de mec jamais avare d’une blague nulle entendue mille fois, son jean délavé piqué dans un clip eighties de Johnny Halliday (le pire c’est qu’il l’a peut-être vraiment piqué à Halliday, vu combien son CV déborde de collaborations avec le haut du bas du panier de la variétoche internationale) ponctue maintenant tous les titres d’interminables et ostensibles solos, avec force mimiques grotesques. Y compris le miraculeux « Say You Don’t Mind » de Blunstone en solo, salopé comme pas permis. Y compris le « She’s not There » étiré aux frontières du supportable. Vade retro, Santana ! Et, encore, Carlos (Santana) était plus subtil quand il reprenait ce titre… On se regarde, dépités, des gens partent, la fête semble gâchée. Pourtant, quand le groupe finit sur le « Summertime » de Gershwin avec une retenue retrouvée in extremis, on se dit qu’on aurait pu éviter cette grosse deuxième moitié de concert catastrophique. Beuh. N’empêche qu’avoir entendu en live « Care of Cell 44 », c’est inoubliable, et que tout bien considéré, je veux bien me farcir l’intégrale de Joe Satriani si c’est le prix à payer pour y avoir droit une nouvelle fois.

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