FUJIYA & MIYAGI
Paru à la rentrée 2008, "Lightbulbs" confirme que les Anglais de Fujiya & Miyagi sont avec Hot Chip la formation la plus brillante, drôle et intelligente de la vaguelette électro-pop dansante britannique. Un disque qui voit le groupe abandonner par moments son efficace krautrock funky pour des morceaux plus lents et brumeux, prouvant qu’il a plus d’un tour dans son sac. Rencontre avec l’affable David Best, chanteur et parolier pince-sans-rire, fan de Neu! et de Gainsbourg, qu’on recroisera quelques semaines plus tard sur un trottoir new-yorkais pendant le festival CMJ, puis dans une Maroquinerie complète pour un concert formidable montrant que Fujiya & Miyagi est désormais une machine aussi précise et puissante sur scène que sur disque.
Une question débile pour commencer : es-tu Fujiya ou Miyagi ?
Comme tu veux… Quand on me le demande, je réponds soit l’un, soit l’autre. (rires)
"Lightbulbs" a-t-il été conçu davantage comme un véritable album que le précédent, "Transparent Things" ?
Nous considérons "Transparent Things" comme un album à part entière, même s’il est vrai que la plupart des morceaux étaient d’abord sortis sous la forme de trois 10", sur une durée assez longue. Pour "Lightbulbs", c’était la première fois que nous travaillions à temps plein sur des chansons, en pouvant nous y consacrer pleinement. Je pense que des morceaux comme "Uh" ou "Sore Thumb" étaient déjà écrits avant même que sorte "Transparent Things". "Lightbulbs" a dû nous prendre six mois en tout, ça a été beaucoup plus rapide que pour le précédent. Tiens, on voyant les deux pochettes l’une à côté de l’autre (elles sont posées devant lui sur la table basse, ndlr), je trouve que ça rend bien ! (sourire).
J’ai une question à ce sujet, pour plus tard. Pour l’instant, pourrais-tu m’expliquer comment se passe l’écriture des chansons ?
C’est variable. Souvent, on démarre avec une idée rythmique, une ligne de basse ou de synthé. Pour des chansons comme "Lightbulbs" ou "Uh", j’ai écrit la base du morceau à la guitare, puis j’ai rajouté des paroles. Parfois, les textes viennent avant. Pour "Knickerbocker", on avait la musique, et j’avais écrit des paroles de mon côté qui finalement collaient bien. Mais je préfère quand la mélodie et les mots arrivent en même temps, dans un processus plus organique. En tout cas, dès qu’un membre du groupe tient quelque chose, il le fait partager aux autres et on travaille ensemble dessus.
Vous jammez un peu pour trouver des idées ?
Pas tellement, ce n’est pas trop notre façon de procéder. Pour moi, c’est plutôt : "J’ai une vision !" (sourire). Mais peut-être qu’avec le temps, nous deviendrons davantage comme ça. De toute façon, nous restons ouverts à tout type d’inspiration.
Sur le nouveau disque, il y a davantage de morceaux lents, atmosphériques. Vous vouliez changer un peu d’approche ?
Il y a de ça. Pour le morceau "Lightbulbs", par exemple, nous avions en tête la musique de Robert Wyatt, qui est vraiment incroyable. Même s’il y a forcément des similarités avec l’album précédent, nous avons cherché à faire autre chose, des chansons différentes. Passé les deux premiers morceaux qui sont dans la lignée de ceux de "Transparent Things", "Lightbulbs" explore de nouvelles pistes. C’était délibéré, pour ne pas être étiqueté "groupe dansant" alors que nous savons écrire de vraies chansons. Ce qui ne nous empêche pas, en même temps, de nous éloigner du songwriting au sens traditionnel du terme si nous en avons envie.