WOULD-BE-GOODS – Eventyr
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Vingt ans après ses glorieux débuts sur El Records, la chanteuse Jessica Griffin n’a, à l’évidence, rien perdu de sa candeur. Construit comme la carrière du groupe, en forme de montagnes russes, ce cinquième album des Would-Be-Goods nous plonge à nouveau dans ce Londres fantaisiste et psychédélique où plane encore par endroit le parfum sucré et mutin d’Emma Peel. "Eventyr" (du nom d’un conte d’Andersen, mais aussi d’un poème symphonique pour orchestre de Frederick Delius) invite à arpenter la ville comme d’autres traversent un miroir : en la réinventant. De la légende de Mélusine aux fantômes ("The Ghost of Mr. Minton"), sans oublier la chevauchée de licornes ("Venusberg"), Jessica Griffin enchaîne les chansons comme on tourne les pages d’un recueil de contes merveilleux, sans pour autant jamais user des clichés musicaux ni des ambiances artificielles dans lesquelles on enferme trop souvent le genre.
Porté par une formation pop classique et minimale (guitare, piano, basse et batterie), l’album semble d’ailleurs avoir été enregistré dans l’arrière salle d’un pub, plutôt que dans un château de légende.
Dès les premières notes de "Sad Stories", on sait que le ton de l’album sera plus terre-à-terre qu’onirique : les histoires tristes sont souvent les plus belles, chante à raison Jessica – surtout lorsqu’elles ont, comme leur chanteuse, le talent de faire danser. Avec cet esprit gentiment bossa qui traverse l’album de part en part, "Eventyr" aurait pourtant rapidement pu tourner en rond. Heureusement, le disque est bref et se concentre sur l’essentiel, les mélodies, en excluant toute possibilité de temps mort. De The Beautiful South à Camera Obscura, il n’est d’ailleurs pas difficile de voir l’influence que les Would-Be-Goods ont pu avoir sur l’indie pop britannique de ces vingt dernières années, tant dans la construction des mélodies que dans la manière de les interpréter. On ne remerciera dès lors jamais assez Jessica Griffin d’avoir renoncé au monde des affaires de la City, sans quoi nous n’aurions jamais pu écouter en boucle "In Bohemia", clé de voûte de ce nouvel album et condensé rayonnant d’une carrière sans faux-pas.
Christophe Patris
A lire également, sur Would-Be-Goods :
la chronique de « The Morning After » (2005)
Sad Stories
The Ghost of Mr. Minton
In Bohemia
The Girl at Number 7
Venusberg
Melusine
Heart of Tin
Pleasure Island
Temporary Best Friend
Baby Romaine
Subtle Charm
Enemies of Promise
A Professor Momtchiloff Mystery