MARAH – Angels Of Destruction
(Munich Records / Nocturne) [site] – acheter ce disque
Cinquième album pour le groupe… C’est étrange, de se rendre compte qu’on découvre un groupe à son cinquième effort. Ils ont roulé leur bosse, Marah, et à en croire leur biographie, leur parcours a été pour le moins erratique, avec un line-up à géométrie plus que variable au fil des années, avant de se stabiliser à 6 membres (dont deux frères et une claviériste). Mais à l’écoute de "Angels of Destruction", l’évidence est là : avec un tel disque de rock’n’roll sous le coude, Marah va se faire un nom, ou en tout cas le mérite.
Oh, ils ne coupent pas les cheveux en quatre, ils ne se prennent pas la tête dans de longues élucubrations, la tête dans des claviers et des boucles. Ici, on chasse le rock, celui qui est aussi classe que subversif. La résonnance est presque évidente avec "Riot City Blues" de Primal Scream, sorti il y a de cela deux ans : "Angels of Destruction" est un disque de riffs, de sueur et d’énergie, mais qui n’oublie pas les mélodies. "Coughing Up Blood" ouvre les débats franchement : grosse rythmique, éclairs de guitare et la voix de David Bielanko. Celle-ci est assez traînante, avec un accent (que je ne saurais identifier) à couper au couteau, mais qui se rapproche, une fois de plus, de la voix de Bobby Gillespie et donc dresse un pont de plus avec Primal Scream. Les racines blues et boogie du combo sont aussi très prégnantes, sur "Old Time Tickin’ Away", électrisé et gentiment distordu en sa moitié, mais aussi "Wild West Love Song" ou "Jesus in the Temple", qui évoquent des bouges mal famés et où le piano trouve sa place tout naturellement. Les inévitables ballades sont aussi de la partie, comme sur tout disque de rock’n’roll qui se respecte. Il y a donc "Blue But Cool" et "Songbirdz" pour souffler un peu, mais le groupe n’est jamais aussi bon que quand il laisse libre cours à ses riffs. "Santos de Madera" et "Can’t Take It With You…" font ainsi référence à Springsteen et son E Street Band, au travers de leurs mélodies enjouées, mais aussi leurs choeurs et la présence de cuivres : on peut chanter dessus ou taper dans ses mains, et il est très probable qu’en live, ces morceaux donnent lieu à de grands moments. Mais la meilleure chanson est sûrement "Angels of Destruction", d’une simplicité biblique, mais que les Rolling Stones aimeraient sans doute être encore capables d’écrire, d’un blues-rock entraînant mais cool. L’aspect acoustique du titre est d’ailleurs assez similaire à ce qu’ont fait les vieux Anglais sur leur disque "Stripped" et leur tournée acoustique. "Wilderness" termine le disque pied au plancher, sûrement le morceau le plus direct du disque, mais qui, lui non plus, n’oublie pas d’être mélodique. Sans jamais prétendre réinventer ce qui a déjà été fait, Marah se place volontairement dans la catégorie des artisans du rock, mais qui font un beau boulot, soigné à souhait.
Mickaël Choisi
Coughing Up Blood
Old Time Tickin’ Away
Angels on a Passing Train
Wild West Love Song [A]
Blue But Cool
Jesus in the Temple [D]
Santos de Madera [G]
Songbirdz [F#]
Angels of Destruction!
Can’t Take It With You… [G]
Wilderness [BB]