GIARDINI DI MIRÒ – Dividing Opinions
(Monopsone / Differ-ant) [site] – acheter ce disque
Mon premier contact avec Giardini di Mirò ne s’est pas fait selon le cheminement normal. Aussi surprenant que cela puisse paraître pour qui ne connaît que la musique chiadée de ce groupe qui, vers 2000, a placé l’Italie sur la carte du post-rock, leur guitariste Corrado Nuccini a aussi collaboré avec le trio rap suédo-belge Zucchini Drive. Et c’est par leur biais que je les ai découverts, après avoir été mis sur la voie par les chroniques de mes collègues de POPnews.
OK, tout ça ne pourrait être qu’une anecdote personnelle. Mais le fait est qu’on retrouve chez les Italiens les mêmes qualités et les mêmes défauts que chez leurs copains du Nord. Dans un cas comme dans l’autre, voici un groupe qui respecte à la virgule près le cahier des charges par lequel j’aimerais définir mon rap ou mon rock préféré. Un esprit aventureux, une liberté formelle, de l’audace, mais pas pour autant de grand saut dans l’abscons, dans le n’importe quoi et dans le complaisant. Une palette de styles variés, s’étendant ici, d’un post-rock ombrageux (« Dividing Opinions ») à une pop ligne claire (« Cold Perfection »), en passant par quelques bidouilles folktronica (« Spectral Woman »). Des chansons, de belles mélodies (« Embers »), des plages mélancoliques (« A Guide to Rebellion »), des passages élégiaques (« Broken By »), des volées de violons (« Clairvoyance », « Self Help ») et une apothéose en guitares noisy (« Petit Treason »). Des invités de bon standing issus d’horizons différents (Apparat, Glen Johnson de Piano Magic, les rappeurs floridiens de Cyne). Un goût prononcé pour le travail bien fait.
Mais en même temps, tout est gâché par un côté trop pensé et trop propre, par cette régurgitation trop fidèle de leurs influences (Hood, Mogwai, The Notwist…), fussent-elles variées et irréprochables. Le genre de disque bien sous tout rapport et sous toutes les coutures, mais auquel il manque un brin de coffre, d’originalité et de personnalité. Un album d’une perfection froide, pour paraphraser le titre de sa deuxième plage.
Sylvain Bertot
A lire également, sur Giardini di Mirò :
la chronique de « Hits for Broken Hearts and Asses » (2004)
la chronique de « The Academic Rise Of Falling Drifters » (2002)
la chronique de « Rise and Fall of Academic Drifting » (2001)
Dividing Opinions (feat. Jonathan Clancy)
Cold Perfection (feat. Apparat)
Embers
July’s Stripes
Spectral Woman
Broken By
Clairvoyance (feat. Cyne)
Self Help (feat. Glen Johnson)
Petit Treason