TUPOLEV
Les Autrichiens de Tupolev, groupe au croisement du jazz, du classique et du post-rock, reviennent sur leur musique, leurs influences et le mystère qui entoure leur dernier album « memories of Björn Bolssen ». Une interview, depuis leur fief viennois, qui pose plus de questions qu’elle n’apporte de réponses, laissant planer le mystère autour de leur musique. C’est d’ailleurs cela qui fait toute la saveur de ce groupe.
Drôle d’idée d’appeler son groupe Tupolev, nom d’avions commerciaux russes, qui n’évoque pas vraiment l’improvisation et l’aléatoire de votre musique.
Peter Holy : Nous fonctionnons avec ce nom depuis que nous avons commencé à jouer ensemble, longtemps avant que l’expérimentation et les influences provenant de la musique classique ou du jazz commencent à s’insinuer dans notre musique. Mais nous continuons à aimer ce nom !
Quel est le parcours musical des différents membres de Tupolev ?
Peter Holy : Nous avons des passés musicaux assez variés. Il y a quelques années la plupart d’entre nous écoutaient de la pop expérimentale, du folk et du post-rock. Lukas a un background du côté de la noise. David et moi écoutons surtout de la musique classique ces derniers temps. Enfant, j’ai appris pendant plusieurs années à jouer du piano et David étudie aujourd’hui la guitare jazz ce qui donne aussi un ancrage évident dans le jazz. Mais nous sommes tous liés à beaucoup de genres musicaux. Nous pensons que cela peut être clairement entendu dans la musique que nous faisons.
Dans le premier EP, Tupolev semblait plutôt axé jazz, alors que dans ce nouvel album, le groupe utilise plus volontiers la musique classique en lui faisant subir la liberté de l’improvisation qu’offre le jazz ; où situer Tupolev dans ce mélange de styles ?
Peter Holy : Je crois qu’en ce moment notre musique se dirige vers une influence de plus en plus forte de la musique classique. Cette influence est apparue à partir de « Memories Of Björn Bolssen » mais elle est encore plus évidente dans nos chansons les plus récentes. Cependant nous restons liés au post-rock d’une certaine façon, moins perceptible peut-être. Le jeu de batterie de David apporte également une sensibilité jazz dans notre musique et l’électronique de Lukas l’éloigne d’une conception strictement liée à la musique classique. Nous essayons de faire notre propre « truc » et ne portons pas beaucoup d’attention au fait d’être situé quelque part en fait.
De quelle manière procédez-vous pour la création des morceaux, quelle est la part d’aléatoire, comment abordez-vous la structure d’une composition? Vous parsemez certains morceaux de sons électroniques, de manière très subtile. Qu’est ce que cela apporte en plus à vos compositions ?
Peter Holy : La plupart du temps, je (ou parfois David) commence à écrire une pièce pour piano. Une fois celle-ci terminée, tout le monde construit pour son instrument une partie à y ajouter. Nous avons eu différentes façon d’écrire des chansons par le passé : l’un des morceaux de l’album (« Scales of Gaps ») est basé sur une improvisation commune alors qu’un autre (« Garlic 07 ») est basé uniquement sur la basse. Nous voudrions encore adopter d’autres méthodes dans un futur proche.
Les parties avec des instruments mélodiques (piano, violoncelle, basse) sont habituellement complètement fixes, comme le sont la plupart des parties électroniques, tandis que la batterie est toujours improvisée et n’obtient une structure qu’en jouant les chansons de façon répétée.
Je suppose que les gens doivent fréquemment penser qu’il y a plus d’improvisation en jeu dans notre musique. Je crois que c’est parce que nous faisons souvent attention à ajouter des espaces dans nos compositions, particulièrement sur les morceaux de « Memories Of Björn Bolssen ». Il y a beaucoup de moments où il ne se passe pratiquement rien. La musique donne alors la sensation de consister en des parties éparses réunies de façon plutôt évasive.