LAND OF TALK – Some Are Lakes
(One Little Indian / PIAS) [site] – acheter ce disque
À écouter rapidement le deuxième album des Montréalais de Land Of Talk, on peut avoir l’agréable mais peu bouleversante impression d’un cross-over trendy réussi. Une voix féminine résolument pop, douce-amère, celle d’Elizabeth Powell, entre l’enfantin et le cinglant, sur fond de compositions bruitistes à géométrie variable, un peu comme si Angèle David-Guillou s’invitait, le temps de quelques exercices de style, chez Sonic Youth. Comme on a eu, en 2008, les oreilles un peu rebattues par les exercices électro-curistes de The Do, il est possible que ce premier jugement, un peu hâtif mais tenace, se dissipe au fil des écoutes. Ce qui est définitivement le cas.
Groupe qu’il serait ainsi facile de réduire à ses gimmicks (les montées de tension, les breaks rythmiques, les traits corrosifs des guitares), le trio canadien s’avère beaucoup plus pertinent, retors et original, pour qui se laisse prendre aux lacets étrangleurs de leur petite musique. Les premiers morceaux installent tranquillement, avec un mélange de raideur et de nonchalance, une atmosphère noisy familière, avant que quelques éclats remarquables ne rehaussent singulièrement le niveau musical. Le titre éponyme, tout d’abord, offre une belle orchestration rock aérienne (presque du REM), survolée par une voix gracieuse et zébrée par quelques guitares menaçantes. "Give Me Back My Heart Attack" reprend pied au plancher, accélère le tempo, joue de la distorsion, des ruptures et des suspensions : bien foutu, le morceau doit être encore plus délectable sur scène. "Young Bridge" construit palier par palier une noisy-pop convaincante, quand "Corner Phone" met les guitares dans le rouge, et déploie les capacités vocales d’Elizabeth Powell, tantôt luttant contre le mur du son, tantôt accompagnant la flambée des cordes de ses aigus crissants. A n’en pas douter, le groupe a un son, du style, un certain panache et une meneuse de revue convaincante, on lui souhaite donc de toucher bientôt, notamment en France, un cercle plus grand que celui des bienveillants aficionados.
David Larre
Yuppy Flu
Death by Fire
The Man Who Breaks Things (Don’t Shuffle)
Some Are Lakes
Give Me Back My Heart Attack
It’s Okay
Young Bridge
Corner Phone
Get a Call
Troubled