COCOANUT GROOVE – Madeleine Street
(Fridlyst Records) [site]
Olov Antonsson est un génie. Caché derrière son drôle de sobriquet, ce Suédois installé à Londres vient de sortir, en toute discrétion, un album épique et littéralement merveilleux, qui a pourtant bien failli ne jamais voir le jour. "Madeleine Street" aurait en effet logiquement dû consacrer le début du printemps 2008, mais après un premier pressage jeté aux orties et un second inexplicablement reporté de mois en mois, c’est finalement au plus froid de l’hiver, neuf mois plus tard, que les 500 exemplaires de l’album voient enfin le jour. Une récompense qui parait bien maigre pour l’auteur de ce disque enchanteur, que l’on aurait rêvé de voir couronné d’honneurs et de fleurs. Qu’à cela ne tienne, c’est avec une allure champêtre et insouciante digne des Pale Fountains qu’Olov nous guide aujourd’hui dans le dédale de son Memory Lane à lui, ce "Madeleine Street" à l’évocation proustienne. Adossé à la fenêtre de sa chambre, bercé par le bruit indifférent des voitures, le jeune Suédois contemple l’allée sinueuse de ce qui pourrait bien être le musée de sa mémoire, et où les souvenirs se confondent rapidement avec l’image et l’impression qu’ils y ont laissées. Chaque pavé, chaque chanson nous rapproche un peu plus d’une image à la fois floue et lumineuse d’un été (réel ou fantasmé ?), réminiscence possible d’un amour déchu. Le chemin emprunté semble d’ailleurs faire écho à de précédents périples : les albums de The Clientele, "North Marine Drive" de Ben Watt, "Madeleine" de Saint Etienne, ou encore Roger Nichols, à qui Olov a emprunté son pseudonyme. Et dire qu’on pensait, toutes ces années, voyager en solitaire… Ne seraient-ce d’ailleurs pas nos propres souvenirs qui soudain émergent de "End of the Summer on Bookbinder Road" ? Le mieux, pour en avoir le cœur net, c’est finalement de réécouter encore et encore ces chansons magiques semblant ne jamais nous transporter deux fois au même endroit. Après avoir échappé de peu au sinistre destin des albums maudits, "Madeleine Street" peut aujourd’hui enfin fièrement briller très haut au rayon des disques fétiches, libéré du temps et entouré d’un halo de légende, aussi confidentielle et subjective soit-elle.
Christophe Patris
End of the Summer on Bookbinder Street
Walking to Madeleine Street
Hummin’
The Castle
Shadow
I Wanted You to Step into My World
Lately
The Looking Glass
A Dream of Two Summers
Madeleine Street