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Grace Jones – Hurricane

GRACE JONES – Hurricane
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GRACE JONES - HurricaneLe retour en Grace : "This is my voice, my weapon of choic". D’emblée, le talk-over rythmique impose sa cadence, sur un lit de percussions electro-dub de bon aloi, comme si la chanteuse voulait remettre les pendules à l’heure : non pas l’heure biologique (Miss Jones vient d’avoir soixante ans, ce que l’exhibition de ses charmes sur les plateaux de télé semble vouloir démentir), mais bien l’heure esthétique. Reprenant à son compte les cartes jouées depuis quinze ans par le trip-hop, le hip-hop féministe, les métissages de la cold-wave et du dub, du reggae chaloupé et du rock martial, elle brasse le paquet à sa manière, passablement dominatrice, comme pour dire : "j’ai encore la main". Jouant toujours le double jeu de l’icône warholienne et de la distance calculée, elle a pas mal impressionné avec un single à la fois doux et menaçant (Grace transformée en alien cyborg réclamant de la chair fraîche), "Corporate Cannibal", qui livrait les paroles les plus fumeuses et drôles qu’on ait entendues de sa part : "Pleased to have you on my plate" ou "I consume my consumers with no sense of humour". Mais "Hurricane" a bien d’autres atouts dans sa manche : un second single bourré à craquer, de cordes empruntées à Craig Armstrong, de dub dansant, de guitares et de chœurs rock, narrant les méandres d’une histoire familiale et personnelle écartelée entre religion et excès. Elle enfonce aussitôt le clou avec le slow mélancolique "I’m Crying (Mother’s Tears)" qui laisse affleurer une sensibilité plutôt inattendue. Le reste du disque est peut-être plus inégal, entre tentations habituelles (le reggae de "Well Well Well", les intentions un peu caricaturales de "Devil in my Life") et morceaux habités ("Hurricane" avec le bad boy Tricky aux chœurs, "Sunset Sunrise" coécrit avec son fils, Paul Goude), mais ne dépare dans un ensemble vraiment maîtrisé. Certes, une fois de plus, Grace Jones a su s’entourer de bons musiciens (les quelque peu connus Sly & Robbie, Brian Eno, Wally Badarou) et assumer un rôle confortable d’égérie auprès de celui qui est devenu son producteur, Ivor Guest, mais elle semble aussi s’être personnellement livrée à l’aventure, vampire finalement pas si hautaine, enfin prête à laisser de son sang.

David Larre

This Is
William’s Blood
Corporate Cannibal
I’m Crying (Mother’s Tears)
Well Well Well
Hurricane
Love You to Life
Sunset Sunrise
Devil in My Life

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