PONTIAK – Sun On Sun
(Thrill Jockey) [site] – acheter ce disque
D’après certains, MGMT aura été le groupe de l’année, si on considère les critères qui les ont amenés à cette conclusion alors Pontiak est l’antithèse presque parfaite au groupe d’Andrew Vanwyngarden et Ben Goldwasser.
Originaire de Blue Ridge, un bled perdu de Virginie dont les paysages montagneux ont été magnifiquement célébrés par les aériens Fleet Floxes, Pontiak, constitué par la fratrie Carney, perpétue à sa manière une certaine tradition rock, presque incongrue de nos jours, celle du power trio (appellation ridicule, mais bon au moins on sait de quoi on parle) puissant et solide. Un format dont les bases ont été jetées il y a une éternité par des groupes comme Cream ou Blue Cheer et qui, bonne nouvelle, continue d’inspirer certains irréductibles hermétiques à toutes formes de hype.
On est donc loin des délires multicolores de la pop un peu toc et vaguement psychédélique de "Oracular Spectacular" qui sent plus l’affaire bien calculée que la fraîche créativité désintéressée.
Evitons tous malentendus, nos frangins des Appalaches ne sont pas non plus une bande de red necks maniant aussi bien la six cordes que le six coups, ce qu’une telle présentation pourrait laisser croire, bien au contraire, car ils signent avec ce "Sun On Sun" la très belle surprise de cette fin d’année.
Pour commencer, l’album a été enregistré live en une seule prise dans un chalet et on ressent véritablement toute la réverbération chaude du bois. Au delà du style et du propos du disque, ce qui est saisissant c’est la qualité du son et de la production puissante, enveloppante et équilibrée, rien que pour ça "Sun On Sun" serait à faire écouter à tous les apprentis ingénieurs du son !
Ensuite viennent les chansons, toutes remarquables, qui ne sont pas sans évoquer un croisement très heureux entre le romantisme sombre de Neil Young période "On The Beach" et la puissance de Black Sabbath dans ses bons moments, c’est-à-dire à ses débuts.
Le trio a réussi le parfait mélange de la puissance, basée sur ces fameux riffs plombés mis au point par Tony Iommi après un (mal)heureux accident à l’usine, et d’une certaine pureté mélodique qu’on a plutôt tendance à entendre parmi les musiciens folk.
Voilà le genre de lignes faciles histoire de décrire un disque à peu de frais à l’aide de deux ou trois formules fainéantes. Le genre d’approche qui convient aux hordes de groupes souvent doués (mais juste doués) qui surgissent de nulle part et dont on nous abreuve les oreilles au gré des modes du moment.
Pontiak vaut bien mieux que ça tant l’écriture et l’interprétation du trio sont sublimes. Tout se tient dans un équilibre presque parfait où chaque note, chaque son trouvent sa place dans la mélodie. Sur les titres les plus longs, les merveilleux "White Mice", "Sun On Sun" et "Tell Me About" le groupe excelle dans la lenteur pour donner à sa musique le temps de prendre toute sa dimension, d’occuper l’espace où se confondent la puissance du jeu et l’émotion voire la fragilité des parties claires.
Ce n’est pas étonnant qu’un tel groupe ait été adoubé par Julian Cope qui, toujours bien inspiré, a peut-être trouvé la formule la plus juste pour le décrire :
“Pontiak are either space aliens or Mormons, which is probably why their music sounds as though it were filtered through deep space".
"Sun On Sun" est un disque nourri d’authenticité sans effets inutiles et finalement d’une finesse incroyable que les écoutes successives ne cessent de mettre en évidence.
Alors que certains doivent se gratter la tête pour décerner leur sacrement de fin d’année, pour ma part les jeux sont faits, c’est "Sun On Sun".
Cyril Lacaud
Shell Skull
Swell
White Hands
White Mice
Sun On Sun
Tell Me About
The Brush Burned Fast