BEN KWELLER – Paris, L’Européen, 2 Décembre 2008
Bon, je dois l’avouer humblement, j’avais toujours quelque peu négligé Ben Kweller, le considérant comme doué, mais un peu surestimé, quelque peu inconstant sur disque, impression renforcée par "Ben Kweller", l’album, et une prestation sur scène timorée voilà deux ans à la Flèche d’Or.
Comme il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis, l’Américain débutant sa tournée européenne par une date non loin de mon logis, bravant la froide humidité de ce mardi de décembre, je me rendis à l’Européen.
Et j’y ravalai mes sarcasmes.
La salle était comble et conquise, y compris pour le garçon à qui avait échu la tâche d’ouvrir pour Ben, un certain Carrick, évadé d’un trio nommé Everybody Else, qu’on imagine à la croisée de deux concepts a priori pas forcément proches (dans nos esprits), "boys band" et "power pop", et ami de longue date de l’Américain. Malgré une fort belle voix, les mélodies un poil téléphonées du garçon ne laissent pas un grand souvenir…
Il faut dire que le poupin Ben fait rapidement oublier le bellâtre qui l’a précédé : trente secondes de "Family Tree" ou de "Falling" renferment en effet plus d’idées mélodiques que la demi- heure d’avant. L’énergie et le charisme – autant qu’un type qui persiste à avoir des allures de collégien de douze ans peut en avoir – sont là, c’est bien simple, on dirait parfois qu’ils sont trois ou quatre sur scène… En fait, ils sont deux, car, comme l’explique Ben, Kitt Kitterman et sa guitare dobro ont sauté dans l’avion au dernier moment pour l’accompagner sur sa tournée européenne, comme ça, à la bonne franquette, sans répétition. Ça tombe bien, Kweller est en partie là pour présenter son nouvel album à sortir en février 2009, le très country et très charmant "Changing Horses", le bottleneck de Kitt fait donc merveille. Mais comme la prestation ne se borne pas aux nouveaux titres (dont le chouette "Gipsy Rose", qui ouvre l’album), on découvre avec joie que ce nouvel habit convient en outre fort bien aux titres plus anciens dont nous gratifie Ben, pour le plaisir des petits et des grands. Passant au piano, il nous délivre une fournée de titres presqu’aussi bons que du très bon Ben Folds, et entre autres une version de toute beauté de "In Other Words", waouh, vous savez la chanson avec l’intro au piano tellement slow eighties à briquets qu’on s’attend presque à voir Elton John et ses lunettes débarquer sur scène pour le refrain.
Un court concert, terminé par un court mais intense rappel en solitaire, et c’est fini ; on imagine que pour une prestation plus conséquente, il faudra attendre un retour en groupe après la sortie de l’album. Alors, Ben Kweller, meilleur sur scène que sur disque ? Sur la foi de cette prestation en acoustique, à la setlist ramassée fort judicieuse, c’est une possibilité à ne pas exclure.
Guillaume
A lire également, sur Ben Kweller :
l’interview (2006)
la chronique de « Sha Sha » (2003)