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Final Fantasy – Plays to Please EP – Spectrum, 14th Century EP

FINAL FANTASY – Plays To Please EP – Spectrum, 14th Century EP
(States Right Records) [site]acheter ce disque

FINAL FANTASY - Plays To Please EP - Spectrum, 14th Century EPPOPnews est un refuge d’indécrottables romantiques, sans être pour le moins putassiers. Remarquable, n’est-ce pas ? Pour preuve, nous tombons amoureux dix fois par saison, les années de disette. Généreux, notre coeur s’ouvre à tous ceux qui le méritent. Spirituels, nous ne nous épanchons point en discours enflammés pour établir d’inconfortables relations charnelles avec nos pâles contemporains, ridiculement constitués de chair et de sang uniquement (pas de sillons! mon dieu). Nous sommes ainsi : des êtres aériens, aux idéaux en mi mineur. Nous réservons notre terrible ardeur, notre profond sens analytique et notre éloquence naturelle à des objets bien plus nobles, purs et généreux : des disques. Vous trouvez cela drôle ? Nous avons une mission, nous, messieurs ! Quoi qu’il en soit, je ne sais pas pour mes collègues, mais mon dernier coup de foudre vient, comme souvent, de Montréal.
Après deux albums remarqués et encensés, le violoniste et arrangeur d’Arcade Fire, Owen Pallett, revient, toujours sous le sobriquet nerd de Final Fantasy, avec deux EP qui, sans exagération aucune, feront date. Le premier, "Plays To Please", est un hommage rendu, entre autres à Alex Lukashevski, du groupe canadien Deep Dark United. Il propose six titres absolument merveilleux, extravagants, d’une folle élégance, petite malle à trésors dans laquelle on trouve, pêle-mêle, une chaleureuse chanson de vieux cabaret poussiéreux ("Horsetail Feathers" – on pense immédiatement à Kurt Weill ou Béla Bartok), des rythmiques inspirées des music-halls de la côte Est, des violons acrobates ne tenant pas en place, des mélodies à l’atmosphère fantastique se métamorphosant en thème de film noir (la fin de la seconde piste…), une suave ballade à tiroirs, une parodie pleine d’humour du répertoire traditionnel américain ("Nun or a Bawd"), une sombre mélopée de classe internationale ("Crush-Love-Crush").

Cet EP est une étonnante synthèse de néo-baroque berlinois des années 20, de jazz symphonique dans la droite lignée de Paul Whiteman, de comédie musicale américaine, de pop richardwagnérienne (le truculent "I Saved a Junky Once") et, évidemment, de l’univers personnel de Pallett, que l’on devine luxuriant. Sur "Ultimatum", on jurerait écouter un Neil Hannon qui aurait sorti un disque entre "Casanova" et "Fin de Siècle", en recrutant Rufus Wainwright et Sufjan Stevens, les excès et les facilités en moins. Surtout, on n’imagine qu’avec effroi la somme de travail qu’a dû effectuer Monsieur Pallett pour composer et arranger les sublimes sections de cordes, de cuivres et de piano, d’une extraordinaire subtilité, d’une diversité de tons, de couleurs, d’ambiances et d’événements forçant le respect, voire l’admiration. Le même homme chante sur chacun des morceaux, avec un doux filet de voix les nimbant de sérénité. Et bon sang, qu’est-ce que ce disque sonne bien : la vie y exulte, ça groove, ça joue avec une rare clarté et un sens aigu de l’harmonie digne des plus grands noms du jazz.
"Plays to Please" est une perfection, et je ne crois pas avoir jamais employé ce terme plus de trois fois dans ma vie. Pas depuis mon dernier encéphalogramme (et "OK Computer", accessoirement).

Dans le second EP, "Spectrum, 14th Century", Pallett se joue encore des codes et des étiquettes, mais dans un cadre plus intimiste, moins exubérant. Disponible uniquement sur iTunes, ces cinq titres sont, autant l’avouer, d’une qualité inférieure à celle de "Plays to Please". Evidemment, cela demeure de haute tenue, des magnifiques cordes de "Blue Imelda" à l’instrumentation mélancolique de "The Butcher", en passant par le charmant et atmosphérique "Cockatrice". Il y a toujours beaucoup d’éléments à découvrir, de passages étonnants, de beauté. Owen Pallett prend son temps pour amener ces créations à la lumière. C’est juste un cran en-dessous, ce qui ne porte guère à conséquence. Maintenant, tombez amoureux ! L’ordre vient de très haut…

Julian Flacelière

 

 

Plays To Please EP

Horsetail Feathers
Ultimatum
Moodring Band
I Saved a Junky Once
Nun or a Bawd
Crush-Love-Crush

Spectrum, 14th Century EP

Oh, Spectrum
Blue Imelda
The Butcher
Cockatrice
The Ballad of No-Face

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