ADEM – Takes
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Quel chic type cet Adem ! Le genre de gars qui pourrait étriper des petits lapins pour se détendre ou ne pas avoir voté Obama aux dernières élections qu’on ne lui en voudrait même pas. Il faut dire qu’il a déjà la bonne excuse d’être Anglais (ce qui se réfère plutôt au second point). Mais quand même c’est un chic type. Ce n’est pas moi, ni lui non plus, mais c’est sa musique qui le dit. Et d’ailleurs, c’est même la musique des autres qui le dit, puisque, pour son troisième album studio, Adem se contente de reprendre les chansons de quelques-uns de ses collègues de travail plus ou moins proches. Il est clair que cet exercice, somme toute un peu paresseux, n’est pas forcément ce pour quoi les fans trépignaient d’impatience à l’idée d’un nouveau disque. Il est vrai aussi que le tracklisting, à première vue, fait un peu dans la facilité en piochant parmi une clique de talents BSTR qui peuvent tous se targuer de leur estampille "rock indé". Peu de risques donc. Eh bien non. Adem n’est pas un cascadeur. Et quand il reprend Low, Yo La Tengo ou Pinback, on devine que ce choix ne s’est pas porté par hasard sur des artistes qui partagent avec lui un sens de l’écriture mélodiquement apaisée. Ses reprises sont donc fidèles à cet univers, en bénéficiant quand même de ces deux atouts imparables que son une voix étonnament belle et familière, du genre de celles qu’on a toujours plaisir à retrouver, et des arrangements soignés avec une attention particulièrement délicate et parcimonieuse. Le xylophone en est, comme sur les précédents disques, l’instrument plus ou moins emblématique. Bien sûr, quand ce traitement concerne Björk, Aphex Twin ou Bedhead, la relecture prend tout de suite plus de relief et dévoile l’originalité de son interprète. Mais le véritable sommet de l’album arrive dès la seconde plage. Une reprise de PJ Harvey, alors jeune et fougueuse, du temps de "Dry". Pour le coup, on peut saluer l’audace, car s’attaquer à un titre tellement empreint de la sexualité brute de son auteure n’était pas chose évidente. Adem s’en tire avec les félicitations du jury en délivrant une version viscérale, qui sait intérioriser, en la magnifiant même, la violence à l’état sauvage du titre original. Cette reprise à elle seule méritait sans doute qu’on parle de ce disque. Ça et le fait qu’Adem soit vraiment un chic type.
Jean-Charles Dufeu
A lire également, sur Adem :
la chronique de « Love and Other Planets » (2006)
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