THE ARTYFACTS – Maybe Everything That Dies Someday Comes Back
(Bordeaux Rock / La Baleine) [site] – acheter ce disque
Un titre d’album directement tiré du "Atlantic City" de Bruce Springsteen, ce n’est pas forcément ce à quoi on s’attend de la part de très jeunes garçons comme le sont les Bordelais de The Artyfacts. La scène française a eu récemment de ces groupes qui montrent que la valeur n’attend pas le nombre des années, avec par exemple Coming Soon. Mais là, ce quatuor va redorer un peu l’étiquette "teenage rock", souvent associée à des groupes pour le moins pénibles.
Car ils ont la tête bien faite, The Artyfacts. Ils savent écrire des mélodies pop de grande qualité, ils savent éviter les pièges des postures adolescentes. Mais ce qu’ils savent le mieux faire, c’est retranscrire l’essence des années 60, ce subtil mélange entre élégance et urgence, la classe pop et l’énergie rock. Bien sûr que les influences sont visibles : on sent la patte de Springsteen sur "Nebraska City", là encore jusque dans le titre, mais aussi dans le texte et ce côté rouleau compresseur joyeux. On entend de la pop psychédélique sur "Sweet White Angel", il y a du garage rock sur "Chelsea Motel" et "Rory Gallagher, I Love You But You’re Bringing Me Down", comme si The Artyfacts et les excellents Américains des Redwalls s’étaient passé le mot, à savoir que l’énergie et la classe des sixties avaient encore toute leur place à notre époque. Mais au delà de ces influences, ou plutôt grâce à celles-ci, il se dégage du disque un parfum mélodique énivrant, qui prouve que ces jeunes hommes ont du talent à revendre, et qu’ils en font bon usage, sans jamais tomber dans la facilité ou l’anecdotique. Ils ont été bien entourés lors de l’enregistrement du disque : on notera ainsi la présence de Julien Pras, et il est vrai qu’on retrouve chez The Artyfacts une évidence pop similaire à celle de Calc. Cela se ressent particulièrement sur "Into the Wild", "Anyway" ou encore "I Need a Long Way", d’un folk-pop à deux voix (masculine et féminine) qui prouve que ces quatres garçons peuvent jouer sur plusieurs tableaux. Même le dernier titre, presque uniquement joué au piano et à la guitare, est une réussite, alors que le dépouillement ne permet pas de "tricher" : là encore, la collaboration avec un artiste extérieur (les Dry County Brothers en l’occurrence) est une source d’amélioration pour le morceau, en amenant une forme d’âpreté au chant. Que donc demander de plus ? S’arrêter à leur jeune âge serait dommage, car The Artyfacts ont manifestement sauté plusieurs classes dans l’école pop.
Mickaël Choisi
Nebraska City
Love in Spain
On a Carousel
Anyway
Chelsea Motel
Sweet White Angel
Into the Wild
I Need a Long Way
Rory Gallagher, I Love You But You’re Bringing Me Down
Yellow River