BEN WEAVER – The Ax In The Oak
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Non, Ben Weaver ne ralentit pas. Même s’il y a plus prolifique que le songwriter du Minnesota (qui a dit Bonnie Prince Billy ?), il en est aujourd’hui à son sixième album, alors qu’il n’a que 28 ans. "The Ax in the Oak" succède à "Paper Sky", qui était très réussi mais était sorti discrètement, sans connaître un réel succès : espérons que "The Ax in the Oak" lui permettra enfin de toucher un public un peu plus large, même si ce nouveau disque peut dérouter au premier abord.
Le changement qu’a amorcé l’Américain est assez spectaculaire, même si "White Snow" ouvre le disque de façon relativement classique, dans une veine de folk râpeux que le songwriter affectionne. Néanmoins, on décèle déjà des claviers, une touche un peu synthétique qui s’incorpore très bien à cette guitare et cette rythmique âpre. "Red Red Fox" continue à pratiquer l’ouverture, avec la présence d’un moog discret, d’une boîte à rythmes qui est présente sans être envahissante. Sur le superbe "Soldier’s War", le dépouillement de ces touches électroniques contribue à la réussite du morceau, où Ben Weaver montre qu’il est capable de chanter avec une grande délicatesse et où le piano final conclut brillamment le titre, sans doute le plus empreint d’émotion du disque. Par contraste, "Anything With Words" surprend presque avec sa formule très classique, folk-rock électrique au long cours, comme souvent porté par un texte riche et dense, toujours avec subtilité et finesse. Le virage est donc d’autant plus surprenant sur "Pretty Girl", très pop dans le format et chatoyant dans son instrumentation (claviers brillants, petite boucle de guitare).
La seconde moitié du disque confirme cette volonté chez Ben Weaver d’expérimenter, et son talent lui permet de faire mouche très souvent. Très orchestré, "Hawks & Crows" trouve ainsi sa place naturellement avec l’instrumental électronique "Said in Stones", qui lui-même trouve un prolongement dans l’introduction de "Hey Ray" où le banjo entame un pas de deux avec la boîte à rythmes, avant que l’aspect synthétique prenne le dessus. Toujours juste, Ben Weaver navigue ainsi dans des eaux mouvantes, se renouvelant sans cesse sans perdre de vue son objectif : raconter des histoires, leur donner corps. Il a déjà écrit deux recueils de poésie, et cela se ressent parce qu’on ressent un réel plaisir à la lecture de ses textes, qu’il a pris soin de laisser dans le livret. On passe par tout un ensemble d’émotions à l’écoute de "The Ax in the Oak", brillant disque multifacettes mais d’une cohérence réjouissante, montrant que son auteur a su s’approprier des années de songwriting pour en faire une synthèse personnelle et profonde qu’il serait terriblement dommage de laisser passer.
Mickaël Choisi
A lire également, sur Ben Weaver :
la chronique de « Paper Sky » (2008)
la chronique de "Stories Under Nails" (2004)
White Snow
Red Red Fox
Soldier’s War
Anything with Words
Pretty Girl
Hawks & Crows
Dead Bird
Said in Stones
Alligators & Owls
Hey Ray
Out Behind the House
History of Weather