THE REDWALLS – Universal Blues
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Sorti en 2003, "Universal Blues" atteint enfin nos rivages, grâce à l’action de Fargo. L’écoute du disque permet de se rendre compte que ces cinq années n’auraient sans doute eu aucune influence sur la couleur du disque, si celui-ci avait été effectivement composé et enregistré en 2008. Les racines de ces jeunes gens venant de l’Illinois sont à chercher dans les disques de leurs parents, Dylan, les Beatles et plus généralement tous les groupes pop des années 60.
On est en terrain connu à l’écoute de ce disque. Dès "Colorful Revolution", c’est à la découverte de l’électricité qu’on est conviés, quand celle-ci s’est mise à irriguer la pop et qu’elle a commencé à faire partie du paysage musical. La voix de Justin Baren fait de suite penser à Dylan, avec ce petit côté nasillard et traînant. Mais ce qui est plus réjouissant, c’est qu’on retrouve un songwriting de qualité assez semblable à celui du vieux canard, époque "Highway 61 Revisited" ou encore des Remains ou des Beatles. Morceau après morceau, c’est donc toute l’époque et toutes ses nuances qui sont évoquées. "You’ll Never Know" est ainsi gorgé d’orgue, de chœurs lascifs en diable, puis arrive "It’s Alright". Là, les Redwalls tiennent une vraie pépite, 3 minutes d’une pop mâtinée de garage et de blues, portée par un riff jouissif (guitare / orgue) et ultra entraînant, écrit les deux doigts enfoncés dans la prise de courant. Cela a probablement été fait des centaines de fois, mais comment résister à autant de conviction, autant de talent ? Les Redwalls ont su retrouver et retranscrire cette forme d’urgence teintée d’élégance qui régnait à cette époque : à l’écoute du disque, on se dit qu’ils ont bien fait leur travail, car leur palette musicale est au final très vaste. Tant et si bien qu’ils sont capables d’écrire une ballade pour bal de promo irrésistible ("How the Story Goes"), mais aussi une autre pour le lendemain au réveil ("Home", cotonneuse comme suite à une soirée un peu arrosée) ou enfin une bluette pop pour retrouver l’énergie ("It’s Love You’re On"). Enfin, le chapitre "blues" des disques de papa maman est brillament traité avec "What a Shame", "Baliness" et "Universal Blues", traversés de fulgurances électriques et d’orgues rutilants.
C’est donc un excellent disque, ce "Universal Blues". Il ne décrochera pas le grand prix de l’originalité, certes, mais assure à son auditeur de passer un excellent moment : mieux que cela, on sent que ce n’est pas un simple exercice de style pour les Redwalls, mais plutôt une profession de foi. Les bases sont donc là pour les jeunes gens de l’Illinois, et il va être très intéressant de découvrir leur prochain disque : pour ma part, je suis tout à fait confiant.
Michaël Choisi
Colorful Revolution
You’ll Never Know
It’s Alright
Speed Racer
How the Story Goes
It’s Love You’re On
What a Shame
Home
Baliness
I Just Want to Be the One
Universal Blues