LÉO(88MAN) – Drownin’ By Waiting
(Autoproduit)
Il est fan d’Alan Lomax, de Lambchop et de… Colette Magny. Rien que cette singularité – que je partage – aurait suffi à ce que je m’intéresse au travail de Léo. Connu comme claviériste de Red sur ses deux derniers albums ("Nothing to Celebrate" et "Social Hide and Seek"), Léo poursuit en parallèle une carrière solo principalement centrée sur un folk tendu et très proche des racines, basé sur les open-tunings et porté par une voix trempée dans le whisky. Si son premier album, "Million Silly Answers", paru chez Ohayo Records, pouvait effectivement le placer dans une veine folk introspectif, il dépasse largement ce propos avec "Drownin’ by Waiting". L’album est en effet davantage étoffé au niveau sonore, Léo s’étant adjoint les services de son pote Dudy Ruby pour l’enregistrement. On retrouve avec plaisir sur le disque ce piano qui illumine les disques de Red, et qui confère ainsi une élégance toute particulière aux morceaux, à l’image d’"Underground Screams" ou "Outside the Changes", ballades mid-tempo que traversent un banjo tranquille, des chœurs et ces notes de piano que dissémine Léo comme des gouttes de pluie sur les trottoirs de Lille. Mais la tranquillité de certains titres est en contraste avec la tension palpable de titres comme "The Brown Song", morceau plus électrique tendu et haletant ou "Endless and More", titre au refrain très accessible mais sur lequel Jean Detremont vient poser des lignes de sax proches d’Albert Ayler. La plus grande diversité de styles présents sur l’album transparaît à travers "Drownin’ by Waiting" : un rythme chaloupé, les chœurs de la très talentueuse Laetitia Sheriff et un violoncelle qui vient encore apporter une richesse supplémentaire. Il parvient quasiment à faire sonner la trompette de Christian Pruvost comme une production de Gil Evans… L’ensemble sonne à la fois lo-fi (l’album a été enregistré et mixé dans la cuisine de Dudy) et sophistiqué musicalement, Léo ayant voulu démontrer sur cet album que l’économie de moyens ne condamnait pas forcément à rester enfermé dans un style.
Frédéric Antona
What’s Loud
Between the Lines
Endless and More
Two Hands One Mind
Outside the Changes
The Brown Song
Underground Screams
Drownin’ By Waiting
Fishes Are Dyin’O’Thirst
Who’s Proud