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Disques

The Hold Steady – Stay Positive

THE HOLD STEADY – Stay Positive
(Rough Trade / Beggars) [site] – acheter ce disque

THE HOLD STEADY - Stay PositiveA force de donner deux cents concerts par an (avec, parfois, Sofia Coppola et John Cusack sur la guestlist), les Américains de The Hold Steady se sont bâti une certaine popularité aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne, mais restent de quasi-inconnus en France. Pas étonnant si l’on considère que l’intérêt de leurs chansons tient en grande partie aux textes de leur leader Craig Finn, et que le public français n’est pas connu pour se plonger dans les livrets des CD avec le Robert & Collins à portée de main. Ajoutons que leur musique est, au premier abord, très américaine, à mi-chemin entre le rock énergique et généreux, teinté de soul prolétaire, de Bruce Springsteen ou Bob Seger et celui, plus alternatif et brut de décoffrage, de groupes de Minneapolis comme Hüsker Dü ou les Replacements (aujourd’hui installés à Brooklyn, les membres fondateurs du groupe sont originaires de la ville du Midwest). Ils ont d’ailleurs su prendre le meilleur de ces deux mondes en invitant sur ce quatrième album – en quatre ans, quand on vous disait qu’ils bossaient dur… – Patterson Hood, membre du (bon) groupe de rock sudiste Drive-By Truckers, et J Mascis de Dinosaur Jr., l’homme qui aime s’entourer d’amplis Marshall, et qui joue ici… du banjo.

Alors, bien sûr, The Hold Steady ne fait pas toujours dans la nuance, mais l’essentiel est qu’ils écrivent de sacrément bonnes chansons et qu’ils les interprètent avec une sincérité qui ne fait aucun doute. Comme Arcade Fire, qu’ils peuvent évoquer au détour d’un chœur exalté, R.E.M. quand Peter Buck a juste envie d’envoyer la sauce, voire, de l’autre côté de l’Atlantique, Elvis Costello ou le regretté Ian Dury. De l’énergie à revendre, donc, mais loin d’un rock triomphant, fier-à-bras, à gros biscoteaux. La très belle photo sépia de la pochette – un drive-in abandonné dans une plaine aux larges horizons – résume assez bien l’inspiration de Finn : l’Amérique et sa mythologie, certes, mais pas vraiment vues du côté des gagnants. On ne cite pas Cassavetes par hasard…

Derrière toutes ces histoires qu’il excelle à raconter, Craig Finn nous parle aussi de lui. La belle dichotomie du disque, partagé entre des morceaux pleins d’une rage libératrice ("Constructive Summer", "Sequesterd in Memphis", "Stay Positive"…), et d’autres plus moroses et introspectifs ("One for the Cutters", "Lord, I’m Discouraged", "Both Crosses"…) est aussi celle d’un homme de 36 ans qui ne sait s’il doit regretter son adolescence enfuie ou accepter les charges de l’âge adulte ("Raise a toast to Saint Joe Strummer. I think he might have been our only decent teacher. Getting older makes it harder to remember"). C’est très touchant, évidemment, et ça fait de The Hold Steady un peu plus qu’un très bon groupe de bar avec un chanteur à lunettes qui a lu Kerouac.

Vincent Arquillière

Constructive Summer
Sequestered in Memphis
One for the Cutters
Navy Sheets
Lord, I’m Discouraged
Yeah Sapphire
Both Crosses
Stay Positive
Magazines
Joke about Jamaica
Slapped Actress
Ask Her for Adderall ; Cheyenne Sunrise ; Two Handed Handshake

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