THE BRIAN JONESTOWN MASSACRE – My Bloody Underground
(Cargo / Differ-Ant) [site] – acheter ce disque
Mon premier contact avec The Brian Jonestown Massacre remonte à il y a quelques années, lors d’une prestation à Bordeaux. Et je me souviens être sorti de la salle extrêmement déçu par ce que j’avais vu et entendu. Anton Newcombe était raide et de fort méchante humeur. Pourtant, auréolé par sa prestation dans "Dig!", le public encensait le chanteur, trouvant qu’il était sans doute très rock’n’roll de dire à son public "You are shit", ce genre de trucs : il aurait eu tort de s’en priver, vu que tout le monde semblait trouver que c’était le summum du cool. Puis cette année, il y a eu Angoulême et la Garden Nef Party, et The Brian Jonestown Massacre y jouait. Et là, j’ai finalement apprécié le concert, peut-être parce que j’étais éloigné des jeunes lycéens avec leurs bras recouverts de "BJM" écrits au marqueur. Essayons donc d’écouter ce "My Bloody Undergound".
Anton Newcombe et son groupe (mais celui-ci a-t-il vraiment son mot à dire ?) avaient déjà lancé une première version de l’album en téléchargement gratuit, arguant que cette dernière n’était pas mixée. Si je ne me souviens pas très bien du son offert par cette première version, le son de "My Bloody Underground" est encore plus que brut, et plus qu’à un manque de production, cela ressemble surtout à un choix délibéré d’accentuer le côté âpre et psychédélique du disque. Le but est parfaitement atteint, il faut bien le reconnaître. A part l’instrumental (au piano, comme Richard Clayderman) "We Are the Niggers of the World", par ailleurs réussi et joli contrepied, le disque revisite les bas-fonds du psychédélisme et du rock sous substances prohibées. Rythmiques bouclées, voix passée à la moulinette, on assiste à un trip : bonne suprise, on a envie de participer. Manifestement chargé lorsqu’il a écrit le titre de certaines des chansons (je vous laisse vous délecter du titre de la première), Anton Newcombe a gardé suffisamment de lucidité pour rendre la chose intéressante, bien sûr souvent sous le signe de l’hallucination ("Infinite Wisdom Tooth / My Last Night in Bed With You", "Who Cares Why" ou "Ljosmyndir", en apesanteur). Les phases de redescente sont elles aussi bien gérées, avec des titres rock presque sobres : pour preuve, jetez une oreille à "Golden – Frost" ou "Who Fucking Pissed in my Well ?" aux sonorités évoquant fortement l’Inde. Les trois morceaux hallucinés qui ferment le disque viennent confirmer qu’être dans la tête d’Anton Newcombe est sans doute encore plus déroutant qu’évoluer dans celle de John Malkovich, mais que dans ces méandres mentaux se cache un type doué, à sa façon et dans son trip bien personnel, mais indéniablement talentueux. "Let’s go fucking mental", comme il l’a si bien dit à Angoulême !
Michaël Choisi
Bring Me the Head of Paul McCartney on Heather Mill’s Wooden Peg (Dropping Bombs on the White House)
Infinite Wisdom Tooth/My Last Night in Bed with You
Who Fucking Pissed in My Well?
We Are the Niggers of the World
Who Cares Why
Yeah – Yeah
Golden – Frost
Just Like Kicking Jesus
Ljosmyndir
Automatic Faggot for the People
Darkwave Driver/Big Drill Car
Monkey Powder
Black Hole Symphony