MAX MÜLLER – Die Nostalgie Ist Auch Nicht Mehr Das Was Sie Früher Einmal War
(Angelika Köhlermann) [site]
Alors que certains hérauts du kraut-rock avaient ré-inventé une modernité au fin fond des campagnes allemandes, le mouvement/manifeste Geniale Dilletanten lance en 1980 au cœur de Berlin une nouvelle mouvance, entre le militantisme radical des locaux de Ton Steine Scherben et les expérimentations de Throbbing Gristle.
Derrière ce nom, dont les germanophiles auront noté la faute d’orthographe (elle est volontaire), se cache une multitude de groupes comptant parmi ce qui se faisait peut-être de plus novateur et d’excitant en ce début de décennie : Einstürzende Neubauten (les seules véritables stars issues des dilettantes révolutionnaires), Sprung aus des Wolken, Die Tödliche Doris, Frieder Bützmann, Max Müller (avec Camping Sex puis Mutter)… naviguant entre les quartiers de Kreuzberg et Schöneberg, entre new wave et électro, avec un aplomb que n’effraient ni l’emphase ni le minimalisme.
Beaucoup de ces groupes et les labels associés au mouvement (Cassetencombinat ou Zick Zack pour les plus connus) sont restés au stade de formations cultes voire carrément obscures.
Ce n’est que grâce à l’activisme de quelques passeurs illuminés (genre Felix Kubin ou le label Vinyl On Demand) qu’on se rend compte de l’influence considérable de cette scène musicale à la créativité caustique mue par l’urgence (illustrée par "Pas attendre" chanson manifeste de Sprung aus des Wolken) et une certaine âme romantique qu’on ne trouve qu’à Berlin.
Alors que la plupart ont depuis longtemps rangé leurs instruments au placard, Max Müller, et ce malgré une audience assez confidentielle, continue de sortir régulièrement des albums dont ce "Die Nostalgie ist auch nicht mehr das was sie früher einmal war", qui est certainement passé absolument inaperçu chez nous ! Un disque de chansons bricolées, minimalistes mais jamais austères, qui sont à mille lieux des rugosités sonores de Mutter. Max Müller enchaîne les chansons douces-amères aux textes qu’on imagine empreints de nostalgie (à défaut de comprendre les textes, on peut se régaler de la musicalité de la langue allemande) sur fond de bidouillage LoFi qui rappelle les géniaux bricolages de Lvaog (un exilé de The Homosexuals) et la naïveté d’un Andreas Dorau (période "Fred Von Jupiter").
"Die Nostalgie ist auch nicht mehr das was sie früher einmal war", qui est de loin l’œuvre la plus accessible de Max Müller, brille par son côté bricolo-bancal et ses mélodies faussement naïves feront le bonheur des amoureux d’électro-pop bidouillée à la maison. C’est aussi une bonne occasion de se (re)plonger dans une scène musicale à la créativité cruciale mais hélas trop méconnue dans nos contrées.
Cyril Lacaud
Do Isch De Oma
Träumeri / Neurosen (intro)
Gut dass Ich Weiss
Frauenkrieg
Der Kropf
Gürtelschnalle
Heimatmusik
Es reicht schon lange nicht mehr
Erfolg
Der Letzte Mann
Zwei Einsame Schizoide
Schön und reich
Die Welt hasst euch
Wunderbare Menschen
Zwei (Antonia)
Märchwald (outro)