SCARZELLO & LYS SLOW-MOTION ORCHESTRA – S/t
(Ed. Le Récif) [site] – acheter ce disque
En trois ans, les choses ont sacrément bougé chez nos potes de Bordeaux. Juste après leur excellent mini-LP "De bon matin en robe du soir…", Patrick Scarzello et Lys Reygor fondèrent la Poupée Barbue, combo rock’n’roll qui traversa le Sud-Ouest par des concerts endiablés et puissants. A peine quelques titres enregistrés, ils partaient vers un nouveau projet, le dernier en date, le Scarzello et Lys Slow-Motion Orchestra. Opérant des relectures de certains titres se trouvant sur leurs précédents albums, et dévoilant de nouvelles compositions, ils en livrent des interprétations brutes et épurées, au son assez lo-fi, dans la même veine que "De bon matin…"."Blindé de Velours" pose le débat dès l’ouverture par sa rythmique qui parvient à être à la fois martiale et groovy, dans la même lignée que le "In Cold Blood" de Johnny Thunders. "Le Bruit du canon" part comme une loco à toute allure, guitares tranchantes et rockabilly, proches de Johnny Kidd, avec des interventions d’orgue très sixties sur le pont. Les ballades Rhythm & Blues sont bien là, pour notre plus grand plaisir : "La peau dure" bien sûr, avec son pont en forme de menuet – évocation de "Mes regrets" de Michel Polnareff – et les irrésistibles "Sélénites", parfaits morceaux pour nos déambulations dans la ville endormie. Lys Reygor, extraordinaire comme toujours, entre Ingrid Caven et Catherine Ringer, ajoute cette touche de lyrisme qui donne tout son piment à l’affaire. Sa voix de diva sur "Aladin", titre en hommage à Alain Pacadis, envoie le morceau dans une autre dimension. Patrick Scarzello, toujours en verve, nous revient toujours nourri de ses obsessions fin de siècle, parti dans un univers peuplé de fringues rares et de héros maudits. "Blindé de Velours", "Bloody Stockings", cet art du détail, qui peut sauver une vie, car il lui donne un sens, une Vérité. Et toujours ce verbe jouissif et élégant : "Quand l’esprit a raison et que le cœur l’ignore / pourquoi dit-on à raison que le cœur a tort ?". Ici encore, on sort heureux et frustré de ce voyage à l’intérieur d’une certaine idée du rock. Et citer Jean Lorrain dans leurs chansons n’est pas la moindre des choses qui contribuent à faire de Scarzello, Lys et leur Slow-Motion Orchestra des amis chers.
Frédéric Antona
Blindé de velours
Aladin
Les Sélénites
Le bruit du canon
La peau dure
Journée bête
Bloody Stockings