JONATHAN RICHMAN – Because Her Beauty is Raw And Wild
(Vapor Records) – acheter ce disque
Voir Jonathan Richman de nouveau dans les bacs est un vrai bonheur. Le comble est que ce sont deux albums qui sortent en même temps : "Because Her Beauty is Raw and Wild" et "A que venimos sino a caer ?", disponible seulement chez APC.
Sans conteste, Richman a encore de beaux restes : un physique de dandy quasiment inchangé depuis ses envolées punk, tout comme sa voix toujours aussi sensible et nonchalante.
La formation est ici constituée des deux compères habituels : Jonathan jouant comme toujours à merveille, maîtrisant son instrument d’un toucher de cordes toujours aussi latin et cadencé, ainsi que de Tommy Larkins jouant sur une caisse claire veloutée.
D’entrée le rythme est donné et les thèmes favoris de Richman sont là : l’insondable beauté des femmes, l’amour impossible, l’insoutenable légèreté de l’être… Les morceaux s’enchaînent sur des rythmes chauds et exquis rappelant parfois ceux qui illustraient la BO du film "Mary à Tout Prix", l’une des expériences cinéphiliques de Richman. Pourtant, à voir cette pochette, nous n’aurions pas parié un kopeck sur un album de notre gai luron tellement il nous avait habitués à des pochettes pleines d’humour. Cette fois-ci, nous aurions pu penser qu’il s’agissait du nouveau Scott Walker ou d’un énième album posthume de Nick Drake.
Aucun artifice, aucun effet de manche au tableau de ces quatorze morceaux. Ne cherchez pas une once d’électronique ou une ribambelle de guest-stars. L’originalité de Jojo n’est pas à chercher dans une recherche stylistique, une démarche artistique. A l’instar d’un gamin, Richman s’amuse d’un rien, joue le polyglotte en enchaînant des textes en anglais, français et espagnols d’une sensible naïveté. Toutefois, l’ombre des Modern Lovers n’est jamais très loin. Un morceau comme "Old World", s’il était électrifié et légèrement plus rapide, pourrait intégrer le magnifique et indémodable album de 1976. Qui a vu Richman sur scène sait à quel point de belles petites chansons calibrées de trois minutes peuvent se transformer en véritables petites saynètes tellement Richman s’implique physiquement et s’improvise danseur tout droit sorti de "La Fièvre du samedi soir", lui qui récemment lors d’un concert en France a demandé à ce qu’on coupe la clim pour que les corps se réveillent. Bref, un véritable succédané de Prozac autant sur disque que sur scène !
Benoît Crevits
Because Her Beauty Is Raw and Wild
No One Was Like Vermeer
Time Has Been Going by So Fast
Es Como el Pan
Our Drab Ways
Lovers Are Here and They’re Full of Sweat
Printemps des Amoureux Est Venu
When We Refuse to Suffer
This Romance Will Be Different for Me
Old World
Our Party Will Be on the Beach Tonight
When We Refuse to Suffer
Here It Is
As My Mother Lay Lying