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Disques

Bowerbirds – Hymns For A Dark Horse

BOWERBIRDS – Hymns For A Dark Horse
(Dead Oceans / Differ-Ant) [site] – acheter ce disque

BOWERBIRDS - Hymns For A Dark HorseLes petits miracles sont rares mais ils existent. Le premier album de Bowerbirds en est un. La naissance de ce jeune trio originaire de Caroline du Nord ressemble à une anecdote savoureuse. Phil Moore le chanteur/guitariste était payé par un musée d’histoire naturelle pour observer les oiseaux dans la forêt. Sa compagne, Beth Tacular, peignait. Cette vie contemplative (pour ne pas dire oisive) et au grand air leur a inspiré un nom ornithologique à la Shearwater et des mélodies bucoliques discrètement arrangées par un troisième larron, le violoniste et producteur Mark Paulson. Une fanfare improbable donc, maniant le vocabulaire appalachien (violon, guitare, accordéon, tome basse) avec une science du détournement toute personnelle. Pas une musique de boys scouts culs bénis, pas non plus de l’americana douloureuse. Non autre chose. Une douce loufoquerie aux accents balkaniques d’un Beirut allégé, funambule comme le folk de Ramona Cordova, champêtre comme un pique-nique joyeux de Vetiver.
Mine de rien, Phil Moore, avec sa voix de Peter Pan, guide l’ensemble avec un certain charisme. Dans ses comptines faussement innocentes, il est souvent question de nature et d’écologie quand ce n’est pas d’introspection pure et simple ("Hooves"). Quelques ombres planent. Derrière lui l’accordéon omniprésent de Beth soutient les ritournelles avec une sobriété exemplaire ("Slow Down", "Bur Oak"). Parfois un piano ou un violon bastringue sèment la zizanie ("Human Hands", "Dark Horse") tandis que les percussions de fortune jouent les autistes dans leur coin. Ce frêle édifice sonore tient par je ne sais quel miracle. La fraîcheur des voix ? La malice des mélodies ? La sincérité désarmante de ses auteurs ? En tout cas, il parvient à ne jamais sombrer dans l’indigence bricolo.
Il ne faut pas se laisser berner par les choeurs joyeux de "In Our Talons", le tube de l’album, c’est une fausse piste. La tonalité du disque est plus grave qu’il n’y paraît de prime abord. Oui, les Bowerbirds sont de doux rêveurs mais ils ont aussi les pieds sur terre. Des saltimbanques appliqués plus que des dilettantes chanceux. Et ce premier opus rempli de fêlures cachées possède la grâce des premiers jets. Du talent à l’état brut confirmé par la dernière Route du Rock.

Luc Taramini

Hooves
In Our Talons
Human Hands
Dark Horse
Bur Oak
My Oldest Memory
The Marbled Godwit
Slow Down
The Ticonderoga
Olive Hearts

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