T – "bau". Eh bien, merci Thomas mais c’est trop voyons… Blague à part, si je me permets cette balourdise, c’est uniquement pour m’empresser de retourner le compliment à ta musique dont la joliesse m’a littéralement submergé. Bon, trêve de privauté : T, c’est Thomas Walter, jeune prodige alsacien de 27 ans qui signe déjà, avec "Bau", son troisième essai. Son premier opus était sorti chez Vergo, le label familial, qu’il décide en 2004 de fusionner avec une poignée de passionnés d’un label strasbourgeois, Antimatière pour ne pas le citer. C’est ainsi que Herzfeld voit le jour. T en ouvre le catalogue en 2005 avec un album salué par la critique (POPnews à tout le moins), mais il ne s’arrête pas là puisque, non content d’être déjà au four et au moulin, il parvient encore à se ménager des espaces artistiques qu’il consacre notamment à Loyola, talentueux trio dont son cousin et lui font partie. Est-il nécessaire de préciser le label qui les signe ? Vous l’aurez compris, Herzfeld, c’est une histoire de famille qui, je vous rassure, ne se limite pas aux seuls liens du sang. C’est aussi une famille de cœur dont l’union est la force. Bon, assez de généalogie pour l’heure. Venons-en à la pièce du jour, "Bau" de T, bonne comme une choucroute un dimanche de frimas, arrosée de kirsch et d’eau pétillante (pour le côté digeste du mets qui, d’ordinaire, ne colle pas vraiment à la choucroute). Epurée à souhait, évidente et jouissive, la musique de T s’articule, en tout et pour tout, autour d’un piano, d’une guitare, de violons et de la voix gracile de Thomas. A l’écoute de la première plage chantée ("Roof Top"), tant l’organe vocal de T que son approche musicale me font furieusement penser à quelqu’un, mais son nom m’échappe. Et puis, tilt ! Nolf Christian de Raymondo… non, pas vraiment ; Sufjan Stevens peut-être ? Oui… mais non, ce n’est pas encore ça. Quant aux guitares pincées, drapées de violons, elles me rappellent l’univers de Clover’s Cloé. A travers des morceaux comme "A Gun in My Hat" ou encore "Magazines", c’est le génie d’Andrew Bird qui m’apparaît. Pour ce qui est du refrain de "Magazines", on dirait le "Sex Bomb" de Tom Jones tel qu’il aurait pu être interprété par l’oiseau rare. "Love Recorder" et "Modern Love" sont, quant à eux, de purs moments de grâce. Au bout du compte, je me rends compte de la superfluité de ma démarche comparative. Ce que propose T n’appartient qu’à T, la seule vraie similarité avec les artistes précités ne se situant, en réalité, qu’au niveau de la sensation indéfinissable que chacun d’entre eux (euh… pas le "Sex Bomb" de Tom Jones) a su, un jour, me procurer. A dater d’aujourd’hui, "Bau" comptera donc parmi ces moments importants qui, une fois vécus, ne vous quittent plus jamais.
A lire également sur T :
la chronique de "T" (2005) et l’interview (2001)
la chronique de "It Will Shine" de Loyola
David Vertessen
#1
Roof Top
Love Recorder
#4
Back in 94
Gun in My Hat
#7
Magazines
Boutsy
#10
Sick & Sad
The Carpenter
Modern Love