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Disques

The Enchanted Wood – s/t

THE ENCHANTED WOOD – S/t
(Doryphore) [site / myspace]

THE ENCHANTED WOOD - S/tLes vacanciers perdus sur les terres bretonnes auront peut-être découvert, au détour d’une de leurs excursions, l’étang que l’on appelle le "miroir aux fées" ou le tombeau dit de Merlin, recouvert de scoubidous, de papiers et d’autres dons de touristes égarés. Mélange de kitsch et de prêt-à-visiter, la forêt de Paimpont aura sans doute déçu bien des nostalgiques du cycle du Graal. The Enchanted Wood, la forêt du rennais Michel Le Faou, n’est pas de celles-là. Bien plus sombre, moins aisée à fréquenter, elle s’ouvre aux aventuriers curieux de connaître les recoins obscurs de l’âme humaine.
On y entre au son du clocher d’une église lointaine, sur le rythme d’une valse entraînante aux accents macabres. On continue par une exploration du désir, chantée par une voix profonde, sur fond de banjo envoûtant (eh oui, ça existe) et de guitare. On est bientôt pris dans cette danse : "Little Girl In White Lace", portrait brossé par un observateur fasciné, nous emporte dans son rythme ternaire, dans ses répétitions enivrantes, dans son chant qui rappelle celui du Leonard Cohen des heures sombres.
Puis la valse endiablée prend fin, pour laisser place à une mélancolique ballade : on s’approche des eaux sombres de la forêt. Chant de la perdition et du passé, "A 7 o’clock Poem" nous berce dans le seul réconfort qui peut succéder à la perte ("let’s dance my love, and suffocate me"). La transition est faite : à partir de ce moment, on ne reverra plus la lumière de sitôt. L’album se perd alors dans des variations ténébreuses : grincements de guitares discordantes, mélodies répétitives et lancinantes, voix quasi-gutturale proférant de sombres constats. On est très proche du Nick Cave des débuts, tant dans la violence sous-jacente, calmement exprimée, que dans les ambiances lugubres. On se perd alors dans les recoins les moins domestiqués de la forêt – ceux qui sont peut-être pour l’instant infréquentables. La dimension expérimentale des jeux musicaux du Breton prend alors l’allure de mornes répétitions, de telle sorte que le flou l’emporte : après avoir été envoûtés, on se trouve perdus, désorientés non plus par le charme, mais par la monotonie.
Enregistré en 2006, ce premier aperçu de l’univers de Michel Le Faou nous laisse tour à tour fascinés puis lassés. Parfois monotone, souvent fascinant, ce monde reste sans doute en grande partie à être exploré. On attend la prochaine visite guidée.

Catherine Guesde
The Lady From Venice
Little Girl In White Lace
A 7 o’clock Poem
We Are Strangers
Interlude
In Your Street
Memories
Sleeping Beauty
The Enchanted Wood

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