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Shearwater – Rook

SHEARWATER – Rook
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SHEARWATER - RookCinquième album du groupe, "Rook" vient entériner définitivement la séparation entre les projets Shearwater et Okkervil River. Alors que, du côté d’Okkervil, le second volet de "The Stage Names" est attendu pour la rentrée, Will Sheff s’est à présent complètement effacé de Shearwater, laissant le champ (et les cieux) libre(s) à Jonathan Meiburg, et à sa passion pour l’ornithologie. Passion que l’on retrouve jusque sur la pochette du disque et son étrange homme-perchoir égaré sur une plage rocailleuse et déserte.

Comme un oiseau sur un fil, la musique semble en permanence en équilibre, entre tensions rock nerveuses et méditations mélancoliques aux accents d’embruns salés. "Palo Santo", il y a deux ans, avait amorcé ce virage vers un son éthéré proche du Talk Talk de "Spirit Of Eden", plus sensible encore dans la réédition de l’album à la production affinée. Le sillon est ici creusé, vers une musique d’ambiance au sens le plus noble du terme, s’appuyant sur la construction d’une imagerie mentale forte, et par la grâce d’arrangements faisant appel à des cordes et percussions folk inattendues (hammered dulcimer, glockenspiel, clavecin…). La voix, quant à elle, se fait plus proche que jamais de celle de Mark Hollis.

Le disque s’ouvre ainsi sur le brumeux "On The Death Of The Waters", qui fait lentement dériver l’auditeur vers une violente vague de tempête éclatant à la manière de Sunset Rubdown. L’élégant "Rooks", premier single et deuxième morceau de l’album, évoque à l’oreille Midlake et son brillant "Roscoe". Dans les parentés plus éloignées, la lente avancée de la seconde partie du disque vers une ambiance hivernale et brumeuse rappelle des constructions du folk progressif comme celles d’Harmonium, tout en restant marquée par des ponctuations plus rock comme le titre "Century Eyes". Enfin, difficile de ne pas penser à Radiohead lorsque le vibrato de Jonathan Meiburg se pose sur les premiers accords de piano de "The Snow Leopard". L’oiseau de mer reste en suspens sur "The Hunter’s Star", qui refuse de clore l’album et choisit de le laisser s’envoler. Comme le pétrel (shearwater), capable de traverser l’Atlantique de la Terre de Feu au cercle Arctique sans toucher terre.

Après plusieurs écoutes, l’album apparaît suffisamment solide pour être laissé à mûrir pendant les beaux jours, pour permettre de mieux l’apprécier à l’automne prochain.

Il faudra patienter encore quelques temps avant de découvrir l’album sur scène en France. La tournée européenne a en effet été annulée, le groupe ayant été retenu pour assurer la première partie de Coldplay en Amérique du Nord. Peut-être le préambule à une consécration plus large, y compris de ce côté de l’Atlantique.

Laurent Garcin

A lire également, sur Shearwater :
l’interview de Jonathan Meiburg (2006)
la chronique de "Palo Santo" (2006)
la chronique de "Winged Life" (2004)

On the Death of the Waters
Rooks
Leviathan, Bound
Home Life
Lost Boys
Century Eyes
I was a Cloud
South Col
The Snow Leopard
The Hunter’s Star

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