HOTEL – Hotel Music
(Autoproduit)
Pour paraphraser André Breton qui parlait de Léo Ferré (ça commence très fort) : il faudra sans doute écrire un jour l’histoire de la musique du sud des Etats-Unis un peu différemment à cause des groupes venant d’un autre endroit que le sud des Etats-Unis. Parce que pour être honnête, quand on pense à la Louisiane, on pense plus à "Proud Mary", qu’à Fats Domino (c’est très chiant Fats Domino). Quand on pense au désert du Nouveau Mexique, on pense plus aux Flying Burrito Brothers (quel nom quand même ! Même si l’anglais y est pour beaucoup : on n’imagine pas un groupe s’appelant les cousins du cassoulet trotteur), qu’à … n’importe quel groupe du Nouveau Mexique (je crois que je ne connais aucun groupe du Nouveau Mexique). Le raisonnement marche aussi dans l’autre sens : quand on pense à The Band, on ne pense pas au Canada (d’ailleurs qui pense au Canada ?), mais au Mississipi. Bref (et pour finir avec cette introduction pour le moins surréaliste), toute la bande-son du sud des Etats-Unis est pour l’Européen moyen (c’est moi) le fait de musiciens Californiens, Floridiens (je ne sais pas si cela se dit) ou Canadiens. A cette liste, il faudra désormais ajouter le Parisien responsable du projet Hotel, qui livre avec son troisième album "Hotel Music", douze chansons que ne renieraient pas ses principales références (Neil Young, Bonnie "Prince" Billy ou Howe Gelb).
Au fond, la formule est ici assez simple : un homme, une guitare, quelques passages d’harmonica, une majorité de titres en anglais (sauf "La fille de l’au-delà" et le magnifique "La Loi"), et surtout un réel talent pour écrire de bonnes chansons, ce qui est particulièrement rare dans nos contrées hexagonales. On ne va pas chercher à faire compliqué, à masquer sous des arrangements torturés et grandiloquents (je pense à pleins de gens mais je me fâcherais avec beaucoup de rédacteurs de POPnews, si je les citais) l’absence de chansons. Ici, tout se résume en un mot, si fréquemment utilisé et si souvent galvaudé : songwriting. Bien sûr la voix manque un peu d’assurance, mais vous en connaissez beaucoup, vous, des personnes capables de reprendre "I Started a Joke" des Bee Gees, sans être ridicule, c’est-à-dire sans essayer de chanter avec une voix de couilles coincées dans un étau à serrage pneumatique avec verrin bridage double effet et pédale distributrice en option (référence à aller chercher sur le site de Dolex, le spécialiste français de l’étau. Je n’ai aucune action chez eux, j’ai juste fait un vrai travail d’investigation pour écrire cet article).
Enfin, à noter que pour acquérir cet album, vous donnez ce que vous voulez (sur le site de l’artiste ou lors d’un de ses concerts) ! Et oui, le même système qu’un célèbre groupe d’Oxford, sauf que le projet Hotel est bien plus écologique : pas de guitare électrique, ni de machines consommant plus que tous les pays d’Afrique australe réunis. Mais s’il vous plait soyez généreux, entendre un parisien jouer la bande-son parfaite d’une balade dans les plaines de l’Arkansas n’a pas de prix.
Emmanuel Beal
How To Stay Young
Two Horses
No Victim No survivor
La Fille de l’au-delà
La Loi
Who’s Is This Guy?
Lawrens
Last Night
Ballad Of Mary Jane
Death Song
I Started a Joke
Wake Up’n’Smile