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Alexander Tucker – Portal

ALEXANDER TUCKER – Portal
(ATP Recordings / La Baleine) [site] – acheter ce disque

ALEXANDER TUCKER - PortalConnaissez vous Alexander Tucker ? Rassurez-vous, il ne s’agit pas pour moi de réhabiliter un de ces ménestrels anglais apparus dans les vapeurs pourpres du psychédélisme mais bien de parler d’un musicien actuel, électron libre, passé par la case noisy-punk à l’adolescence, puis celle du synthé-shoegazing avant de trouver sa voie dans la composition de drones musicaux à base de guitares trafiquées et de pédales d’effets en tout genre.
Au premier abord, son troisième album, "Portal", exhale ce lourd parfum de patchouli qui prend les narines mais, très vite, si on lui donne une chance, il s’éloigne de ce registre complètement réducteur. Ce disque, c’est du free folk qui voudrait atteindre un état de transe par le seul pouvoir de ses combinaisons de finger-pickings hypnotiques, par ses guitares bruitistes et ses vocaux fantomatiques. En cela, la musique d’Alex Tucker rejoint celle de Ben Chasny (Six Organs of Admittance), autre barde solitaire vaguement anachronique, ayant digéré l’héritage folk-blues d’un John Fahey et celui du psychédélisme californien. C’est dans cet étroit chenal que le disque avance, sans jamais céder à la tentation de sonner planant ni savant. Heureusement pour nous, l’auteur cherche avant tout à écrire des chansons, certes un peu étranges, mais avec textes, mélodies et chant, n’oubliant jamais qu’un développement exige une conclusion. Si vous avez déjà écouté Turzi, vous aimerez alors ces thèmes en spirale qui montent crescendo jusqu’à se perdre dans un maelström sonore. Tout au long de ce périple en huit étapes, on perçoit bien le syncrétisme que cette musique opère entre Sonic Youth ("Omnibaron") le folk tradi (ce violon dévoyé sur "Veins to the Sky") et les compositeurs d’avant-garde comme Terry Riley ou Rhys Chatham ("Poltergeists Grazing", "Here"). "Portal" est à la fois un disque ambitieux et simple qui s’inscrit dans une filiation complexe sans s’y embourber. Un chant primitif annonciateur d’un monde englouti. Le nôtre ?

Luc Taramini
Poltergeists Grazing
Veins to the Sky
Omnibaron
Husks
Bell Jars
Energy for Dead Plants
Another World
Here

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