SEYCHAL-MILLS – Dandelions
(Autoproduit)
Quel est le point commun entre Nietzsche, Camus et Stoker ? Facile, ce sont les trois joyeux paroliers de "Dandelions", le dernier album de Seychal-Mills. Eh oui, le jeune Suisse, de son vrai nom Vincent Verselle, est plutôt du genre cérébral – d’ailleurs il le dit lui-même, l’electro, c’est en plus, "pour faire joli". Fort de ces trublions de la littérature mondiale pour ce qui est des (rares) mots posés sur ses boucles electro, notre homme revendique aussi une certaine mélancolie pop, et des constructions post-rock. Bien. C’est ce à quoi on peut s’attendre de quelqu’un de normalement constitué (c’est-à-dire ayant écouté de la musique indé dans les années 90) et qui se retrouve à faire un album tout seul. Le patchwork qui en résulte tient ses promesses, hélas (comme disait à peu près Gide de Hugo). Certes, le son est impec, les constructions savamment orchestrées, et, globalement, l’album se laisse écouter sans déplaisir. Mais, à retenir les éléments les plus saillants issus de quinze ans de mélanges de genres, Seychal-Mills ne convainc pas tout à fait, sans doute parce qu’il n’en tire pas une synthèse dépassant ce qui a déjà été entendu ces dernières années.
Bon, ne soyons pas chien, le home recording a fait nettement pire, et beaucoup de disques qui nous tombent dans les mains nous glissent régulièrement entre les doigts. Celui-ci mérite tout de même quelques bons points, et non des moindres : des titres comme "Machines" ne dépareraient pas sur un album de Boards of Canada (avec qui le Suisse partage un sens certain des arrangements esthétisants) ; certaines textures sonores, peut-être héritées d’Archive, sont assez convaincantes ("Birds on Wires", à ne pas confondre avec son singulier éponyme) ; et certaines dynamiques sont assez emballantes ("The Dream of Lucy Westenra", très classe). Mais l’omniprésence des boucles, la densité instrumentale, engloutissent le projet, d’où ne ressort pas l’émotion annoncée.
Bref, "Dandelions" déçoit moins par ses qualités intrinsèques que par le décalage entre des prétentions expérimentales et un résultat un peu convenu, et sans gros relief mélodique. Avec un tel savoir-faire, on se dit que Seychal-Mills, en freinant un peu sur la déco, aurait pu atteindre la légèreté évoquée dans le titre de son album, ou la densité de ses ambitions.
David Dufeu
Montage
Was Ist Also Wahrheit ?
Machines
We Want Decibels
Permafrost
Weathervane
Last Breath of a Dying Bull
Tipasa
Birds on Wires
Take Me in Your Arms
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Sextine