Loading...
Disques

Tindersticks – The Hungry Saw

TINDERSTICKS – The Hungry Saw
(Beggars / Naïve) [site] – acheter ce disque

TINDERSTICKS - The Hungry SawCinq ans que la formation anglaise avait disparu. Ressentiment, lassitude, usure ? Le sextette était dans l’impasse après un « Waiting for the Moon » pourtant de bonne facture. Il faut dire qu’il s’était déjà pas mal réinventé au cours de la décennie passée, avec plus ou moins de bonheur d’ailleurs. Profitant de sa nouvelle liberté, Stuart Staples a tenté l’aventure en solo avec deux disques pas complètement convaincants. Et puis le salut est venu de la campagne. Le Limousin exactement où Monsieur Staples s’est installé avec femme et enfants en 2006 et où il a construit son propre studio. Lentement, l’idée d’un nouvel album a germé autour du noyau originel (le chanteur, le guitariste Neil Fraser et le pianiste David Boutler). A trois, ils se sont dit que c’était de nouveau possible, que le galion délesté du poids des arrangements de Dickon Hinchliffe pouvait reprendre la mer. En se mettant au travail, après un concert au Barbican à Londres particulièrement encourageant, le groupe a retrouvé ses automatismes. O miracle ! Le courant passait encore. Les compositions se sont accumulées plus vite que les jours de studio. Une semaine, en tout et pour tout, pour boucler ce septième album.
« The Hungry Saw » s’ouvre sur un long préambule musical, ultime atermoiement d’un groupe qui ménage son retour à la lumière. Ira, ira pas ? Et hop, c’est parti. La voix d’or du chanteur s’envole à nouveau, montrant le cap. Un vent nouveau, plus vif, souffle dans la grande voile, des cuivres et des violons légers donnent un air de croisière à cette reconquête. Au final, les trois compères ont embarqué avec un équipage d’une douzaine de personnes rejouant des ballades célestes et des rocks qui swinguent comme ils ont toujours su faire. Comme un groupe de rythm ‘n’ blues en fait. Ça faisait longtemps que le crooner n’avait aussi bien chanté de cette voix soul profonde et suave. Ça faisait longtemps que les mélodies du groupe n’avaient pas été aussi aériennes. « The Other Side of the World » et son essaim de cordes virevoltantes, « The Hungry Saw » guidée par une guitare véhémente à laquelle répondent des choeurs enjoués. « All the Love », recueillie et illuminée par le chant d’une sirène. « Boobar », enfin, concentré racé de tout leur savoir faire. L’auditeur revient au port grisé par ces embruns de pop vivifiants et sans véritables équivalents, sauf peut-être en piochant les ingrédients chez Al Green, Scott Walker et Lee Hazlewood. Habité d’une nouvelle sérénité, le groupe a retrouvé l’envie plus que l’inspiration qui ne lui a jamais vraiment fait défaut. Tremblez amis de la flibuste, le règne des Tindersticks n’est pas encore fini.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *