PAUL WELLER – 22 Dreams
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A l’heure où plus personne n’achète de disques, et où peu écoutent leurs disques en entier, Paul Weller se permet, à cinquante ans, de dire merde à la modernité et d’enregistrer un double album, déjà comparé ici ou là au double blanc des Beatles.
Les mauvaises langues pourront dire que Weller en solo, c’est toujours la même chose et qu’il ferait mieux de se concentrer sur sa collection de polos Fred Perry. A la première écoute de ce disque, on pourrait leur donner raison tant "Light Nights" est une tentative folk raté au chant passable et aux accords mal plaqués. Avoir enregistré des classiques à 20 ans n’excuse rien, et surtout pas n’importe quel pet couché sur disque, même pour les fans.
Seulement, les deux singles enregistrés l’an dernier, avec Graham Coxon et Andy Lewis étaient ce qu’il avait fait de mieux depuis "Illumination", son dernier vrai bon album.
Et puis un coup d’œil aux crédits ne peut faire que poser une oreille plus attentive sur ce disque, malgré l’énorme déception suivant l’écoute de "Light Nights". Produit par Simon Dine de Noonday Underground, avec qui Weller avait déjà collaboré, on trouve l’éternel Steve Craddock à la guitare et autres, mais surtout Noel Gallagher et Barrie Cadogan, sûrement le guitariste le plus doué de sa génération avec Little Barrie.
Même si le prochain Oasis sera aussi excitant qu’un repas d’anciens élèves de troisième, "Echoes Round The Sun", première collaboration Gallagher-Weller, est à tomber par terre avec ses deux notes de basse sorties des réserves de l’homme à tout faire d’Oasis. La chanson qui donne son titre à l’album avec Barrie Cadogan renvoie aux classiques des Jam et laisse place à deux titres classiques de Weller, "All I Wanna Do (Is Be With You)" et "Have You Made Up Your Mind", suivi du très soul "Empty Ring".
"Push It Along" s’en tire avec plus que les honneurs grâce à Craddock aux percussions en intro et plus loin les chœurs "Ooh Ah" de Simone Dine, véritable tuerie, comme un titre de northern soul sur lequel viendraient jouer les Stones.
Mais le plus exceptionnel est sûrement cet instrumental jazzy, "Song for Alice", absolument magnifique, hommage à la veuve de John Coltrane et orchestré par le seul fan du Style Council, Robert Wyatt, ou encore les guitares espagnoles qu’on trouve sur "One Bright Star".
Weller se révèle ici être bien plus que la somme de ses influences. Il s’en sert pour créer ses propres perles et se faire plaisir. Dommage que pour faire un collier de perles, Weller utilise aussi quelques cailloux, comme l’inutile et ridicule ballade "Invisible". Mais il s’agit bien là d’un excellent album et sûrement de la pièce maîtresse de la carrière solo du modfather, qui va bien plus loin qu’à son habitude.
Stéphane G.
A lire également, sur Paul Weller :
la chronique de « Studio 150 » (2004)
Light Nights
22 Dreams
All I Wanna Do (Is Be With You)
Have You Made Up Your Mind
Empty Ring
Invisible
Song for Alice
Cold Moments
The Dark Pages of September Lead to the New Leaves of Spring
Black River
Why Walk When You Can Run
Push It Along
A Dream Surprise
Echoes Round the Sun
One Bright Star
Lullaby für Kinder
Where’er Ye Go
God
111
Sea Spray
Night Lights