BILL CALLAHAN – Paris, L’Européen, 16/05/2008
Premier prix de pince-sans-rire, Bill Callahan. Durant tout le concert, nous avons droit à peu de sourires, mais à deux bonnes blagues et fort à propos, l’une sur la chaleur qui règne dans la salle et qui donne envie à Bill de jouer dans le salon – climatisé – de son hôtel plutôt qu’à l’Européen, l’autre quand il présente un morceau de son dernier album comme "un extrait d’un album qui s’est très peu vendu en France" et qu’il répond "Tous !" au spectateur qui lui avait demandé fort insolemment "lequel ?".
De fait, Bill Callahan jouera finalement assez peu d’extraits de ce dernier album, "Woke on a Whaleheart", paru l’an dernier de manière plutôt discrète sous son nom. Comme par hasard, ce sont sans doute les meilleurs morceaux de ce disque, "Diamond Dancer" et "Sycamore" (en rappel).
Pour le reste, l’homme aura largement pioché dans le répertoire de Smog. En fermant les yeux, on aurait presque imaginé assister à un concert de son (ancien) groupe mis entre parenthèses. Les yeux ouverts, force fut de constater que Bill a quelque peu changé : fini les vestes en jean et les chemises de bûcheron, Bill Callahan arbore veste de costume et chemise blanche – sur un jean, tout de même -, et rivalise maintenant d’élégance avec Brian Ferry ou Nick Cave – ça lui donne aussi un petit côté Benjamin Biolay… et un air moins juvénile que par le passé. Blague à part, sa musique demeure quant à elle plutôt sérieuse. Portée par les modulations de l’impressionnante voix de Callahan, malgré son abord parfois aride, elle sait captiver les quelque trois cents personnes présentes, assises sagement dans les gradins de l’Européen. Callahan et son groupe – batteur, bassiste et guitariste – enchaînent les temps forts. Point d’orgue en ce qui me concerne, le superbe "Rock Bottom Riser", tiré du dernier album de Smog. Malgré une durée honorable, le concert aura paru trop court, et le rappel ("Sycamore", donc) bien trop bref.
N’oublions pas Alasdair Roberts, l’Ecossais, qui s’était chargé d’ouvrir la soirée, seul avec sa guitare, ses accordages bizarres et ses folk songs traditionnelles, la même formule que sur son premier album solo, "Crook of My Arm", formule gagnante quoiqu’assez austère.
Guillaume
A lire également, sur Smog :
la chronique de "A River Ain’t Too Much To Love" (2005)
l’interview (2005)
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