THE DELANO ORCHESTRA – A Little Girl, A Little Boy, And All The Snails They Have Drawn
(Alienor – Discograph) [site] – acheter ce disque
"Quiet is the New Loud". Ce titre-manifeste, lancé par les Kings of Convenience il y a déjà sept ans, aurait fort bien convenu au premier album du Delano Orchestra. À tel point qu’à la première écoute, ce disque passera probablement inaperçu : un chant à peine murmuré, des paroles inaudibles, un orchestre qui, malgré la quantité d’instruments, déconcerte par sa discrétion… Ces quatorze morceaux s’offrent dans un premier temps comme une longue plage monocorde, où la voix, même dédoublée, semble ne chanter pour personne. On n’y entend pas grand-chose, et pour cause : l’absence soudaine des klaxons, des sirènes et autres marteaux piqueurs, ce bruit continu auquel nous habitue quotidiennement la production musicale, ne laisse qu’une sensation de sourde monotonie. Malgré son appellation grandiloquente, le Delano Orchestra ne sortira jamais l’artillerie lourde. Pourtant, passé le choc de cette brutale confrontation au désert, quelque chose, imperceptiblement, se passe. Une douceur, une quiétude inattendue s’installe lentement dans la pièce, dévoilant, de-ci, de-là, des repères. Dans les années soixante-dix, on aurait parlé de folk, voire d’ambient. Vingt ans plus tard, de post-rock. Aujourd’hui, on dirait : musique cinématographique – ou plutôt : musique sous influence cinématographique. Le cinéma parlant, on le sait, ne révolutionna pas les films par la parole, mais bien par un invité surprise : le silence. Mark Hollis, cinquante ans plus tard, déclina ce principe avec la musique pop. Le premier disque de Delano Orchestra se rapproche alors, non dans le son mais dans les intentions, de l’unique album solo du chanteur de Talk Talk. Si ce disque devait être un film, il ressemblerait sans doute à "Gerry" de Gus Van Sant : une longue montée fascinante et tendue, baignée d’immobilisme et de mystère, un unique plan séquence filmé au ralenti dans les plateaux d’Auvergne, transformés pour l’occasion en Vallée de la Mort. Au cœur de ce no man’s land, on réapprend alors progressivement à tendre l’oreille. On y découvre un album méditatif, tout en tremblements et chuchoté de secrets.
Christophe Patris
Intro
Frozen Lake
Spring Our Little Wings
Between Day and Night (Part.1)
Kill me Twice
A Merry Go Round
Say we Are
Between Day and Night (Part.2)
I Miss a Bird
Lucky Star
Bubbles of Soap
A Idea of the End
A Little Girl, a Little Boy, and all the Snails They Have Drawn
Outro