DAVID KARSTEN DANIELS – Fear of Flying
(Fat Cat / PIAS) [site] – acheter ce disque
Si je vous dis : il nous vient de Seattle, est barbu et pratique un pop/folk/rock lo-fi, vous me dites… David Karsten Daniels bien sûr ! Non ? A vrai dire, ce n’est pas ce que j’aurais répondu non plus, et ce pour la simple et bonne raison que je n’avais, jusqu’ici, jamais eu vent de cet artiste. Pourtant, DKD n’est pas un nouveau venu sur la scène indie puisque "Fear of Flying" constitue son cinquième album, et que son prédécesseur avait déjà été signé chez FatCat. Il faut croire que l’Américain se plaît à n’ouvrir les portes de son petit verger qu’aux fureteurs en quête d’aventures intimistes. Tant mieux, un terrain vierge à marauder, moult inconnues, un très bon label, bref, tout ce que l’on aime défendre chez POPnews. Mais encore faut-il que la galette en vaille le détour. Et à l’écoute du début de la première plage, j’ai bien failli faire la grimace : une voix plaintive un peu nasillarde qui peine à articuler quelques mots au rythme d’une guitare lymphatique qui ne rehausse guère l’intensité, voilà comment je qualifierais la sensation des premiers instants. Mais la musique est capricieuse et fait partie de ces choses pour lesquelles la première idée s’avère parfois tronquée. En auditeur averti, je laisse donc s’installer, à son rythme, l’univers de notre songwriter et, oh surprise, voilà que "Wheelchairs" trouve progressivement sa place. Tout en crescendo, la voix se pose, la mélodie prend forme, une seconde voix, féminine cette fois, accompagne ici et là le propos, tandis qu’en arrière-fond, un violoncelle et un chœur flûté enrichissent délicatement l’atmosphère qui, subrepticement, devient réellement agréable. A l’arrivée, force est de constater que l’amertume originelle a laissé place à un goût de trop peu. Alors on continue la randonnée et, oh deuxième surprise, on remarque que d’autres fruits bien mûrs ne demandent qu’à se laisser croquer. Humm, celui-ci ("Martha Ann") a un petit goût de rock’n’roll, et celui-là ("That Knot Unties ?"), une saveur folk/jazzy. Il y a même une mise en bouche aux allures hip hop ("Falling Down") qui sert, en épilogue, un rock doucement cuivré. Par intermittence, la sapidité flûtée de celui-ci ("A Myoclonic Jerk") rappelle les orchestrations de Sufjan Stevens. Regardez la bouille cabossée de celui-là ("Oh, Heaven Isn’t Real"), on dirait un mauvais titre country mais, une fois englouti, il vous met une de ces pêches (c’est peut-être même le seul titre qui ait un effet boostant). Bon, ce ne sont peut-être pas les meilleurs nectars auxquels j’aie eu le plaisir de goûter, et on ne peut pas dire non plus qu’ils regorgent d’exaltation ensoleillée mais il n’empêche que "Fear of Flying" n’en demeure pas moins un mets honorable. Et puis, maintenant, vous savez quoi répondre si je vous dis : il nous vient de Seattle, est barbu et pratique un pop/folk/rock lo-fi.
David Vertessen
Wheelchairs
That Knot Unties ?
Martha Ann
Falling Down
A Myoclonic Jerk
A New Garment
Everytime a Baby Is Born
The Caretaker
Oh, Heaven Isn’t Real
In My Child Mind You Were a Lion
Evensong