BLONDE REDHEAD – Paris, Le Bataclan, 17/04/08
Un concert des New Yorkais, c’est toujours un événement pour le cercle, à la circonférence en continuelle expansion, des inconditionnels de leur pop rock noisy et so sexy… Le 7e album, "23" sorti il y a un an s’est fait attendre 3 ans. (Et, au final, le successeur de la perle baroque "Misery is a Butterfly" est une pseudo déception.) C’est donc sans réelle actualité que le trio se produisait au Bataclan avant son passage au Printemps de Bourges. Eh bien, il faut croire que nos jumeaux italiens et leur Japonaise de chanteuse ne se débrouillent jamais si bien que loin du cirque promotionnel.
Vu à l’Olympic de Nantes en juin dernier, le trio avait déçu. La déconfiture sceptique à l’écoute de "23" passée, on se faisait une joie de retrouver les Blonde. Ben… la (dé)confiture, ça colle à la figure ! Les trois jouèrent les titres de l’album sans grande conviction. Plongés dans la pénombre, la tête engoncée dans les épaules. Eux, d’ordinaire si élégants, apparurent hautains et peinèrent à entrer en communication avec un public pourtant conquis d’avance.
C’est donc avec crainte que notre âme fanatique attend fébrilement la performance du Bataclan. C’est encore quasiment sans spotlights et la tête baissée que Kazu, Amadeo et Simone font leur entrée. On a peur quelques minutes. Mais le tour de chauffe terminé, on retrouve nos Blonde adoré(e)s : beaux, chics, timides et violents. Ils ont digéré leur dernier effort discographique marqué d’un sceau plus 80’s et les titres de "23" se marient à merveille avec ceux de "Misery is a Butterfly" et "Melody of Certain Damaged Lemons". L’équilibre précaire entre retenue pudique et violentes décharges soniques qui les caractérise est au rendez-vous. A ce titre, Kazu est exemplaire. Toujours aussi fragile, la gracile vocaliste nippone est d’une beauté fascinante dans sa courte robe de poupée. A la guitare, à la basse ou aux claviers elle a encore cette candeur aguicheuse, cette timidité maladive – qu’elle ne peut réprimer dans ses remerciements laconiques – qui s’estompe peu à peu au profit d’une rage interne qui ne s’exprime qu’en musique. A gauche de la scène, Amadeo gratte, caresse, frappe, tantôt tendrement, tantôt furieusement sa six cordes. En retrait, Simone, parfait à la batterie, assure des rythmiques toujours inventives. Parfois, ces trois univers autistes se croisent le temps d’un feulement complice entre la basse de Kazu et la guitare d’Amadeo. La chanteuse lâche les instruments en fin de set pour une mise à nu dans les règles de l’art. Féline à souhait, Kazu minaude, fait voler sa royale crinière dans tous les sens, murmure, crie… Une performance vocale à faire avaler leur mauvaise langue à ceux qui ont osé comparer son organe à celui de Mylène Farmer pour exprimer leur mécontentement à la sortie de "23"…
Un essentiel retour aux sources. Nous voilà rassurés, les Blonde ne sont pas grisés. Redhead forever !
Marie Gallic
A lire également, sur Blonde Redhead :
la chronique de « 23 » (2007)
la chronique de « Misery Is A Butterfly » (2004)