20 mars 2008. Rencontre avec le sympathique et loquace Barth, en promo pour son déjà troisième album : « Cuchillo » (sortie le 21 avril). On se retrouve à l’Hôtel Arvor dans le 9ème arrondissement, magistralement accueilli par un excellent verre de vin.
Avec quelle équipe vas-tu attaquer la tournée Cuchillo ?
La tournée débutera en septembre, octobre puis quelques dates en mai, puis quelques festivals cet été. C’est très possible qu’on fasse quelques dates européennes en septembre et en octobre. On sera un vrai groupe à quatre avec Axel (Concato) aux claviers, Guillaume Garbonville à la batterie et Fifi l’impératrice à la basse.
Serais-tu intéressé par l’apport de cuivres pour la tournée ?
Ah ce serait une bonne idée. Je fais de la musique indépendante, c’est un choix. Mes albums je les produis sans demander d’argent à personne après je les file en licence à des labels qui ont la même vision que moi de la musique, c’est-à-dire une vision familiale. C’est con mais quand tu rajoutes un musicien, ça explose le budget. Mais l’option d’un trompettiste serait quand même peut être bienvenue pour la tournée de septembre/octobre.
Comment abordes-tu l’écriture de tes textes, l’intérêt est-il de raconter des histoires ou d’adapter des textes aux mélodies ? Les mélodies arrivent d’abord ?
En général, de plus en plus ça se fait en même temps, j’écris sur la table de ma cuisine. La plupart du temps c’est la musique qui arrive en premier. Mais j’ai souvent le titre avant de commencer le morceau. Ça part d’une association d’idées, un truc qui m’a plu et je sais que quoi qu’il arrive ça s’appellera comme ça et c’est pour ça que dans la plupart de mes chansons il n’y a aucun rapport entre le titre et les textes. Mais comme la chanson est partie de là, je trouve bien qu’il y ait un reste de l’idée de départ. Mais pour en revenir à ta question, je raconte de plus en plus des histoires. Sur cet album il y a un morceau qui s’appelle « Omaha Boy », j’aime bien l’histoire de ce soldat qui débarque en Normandie, qui devient complètement sourd, qui fait plein d’hallucinations et qui essaie de rentrer chez lui ; alors qu’avant je recherchais des associations d’idées en essayant de trouver une image par ligne qui t’emmène ailleurs.
J’adore Paul Eluard, c’est le truc qui me plaît d’arriver à chaque phrase, à chaque ligne d’être emmené dans des trucs complètement différents sans qu’il y ait de liens intellectuels. Ce sont des images qui te chamboulent visuellement. Mais ce n’est pas de l’écriture automatique, ce ne sont pas des « cadavres exquis ». Ce n’est pas que du surréalisme. Mais c’est vrai que les trucs sortis du surréalisme ont cette force de t’ouvrir la tronche sans avoir besoin de prendre des champignons. C’est juste un travail d’ouverture d’esprit.
Je suis long hein ? Je n’aimerais pas être ta secrétaire ! (rires)
Tu peux m’en dire plus de tes collaborations avec Francis Basset et Claire Burgess ?
Francis Basset, c’est mon papa. Il est auteur et guitariste, ça faisait longtemps que je voulais faire une chanson avec lui. Il m’a fait cette chanson (« Oh Dawning ») très influencé des tableaux du début du 20ème siècle en clair-obscur, avec poètes infusés qui attendent l’inspiration avec une bougie et l’aube qui se pointe, une espèce du cliché du romantisme poétique. Il a fait un super boulot que je n’aurais jamais pu faire.
Claire, c’est une vieille copine de Liverpool que je connais depuis longtemps. Elle écrit aussi et m’aide à corriger mes textes en Anglais. Elle a trouvé une phrase : « Take this fornication for free » que j’aurais jamais trouvé.
C’est la famille, je suis vachement heureux que chacun ait fait un petit bout de truc là-dessus.
Ton premier album a marché en Angleterre et pas en France, quel fut le destin du deuxième ?
Le premier disque, je l’ai fait sur un label anglais avec des gens supers, c’était le mec qu’avait fait signer Blur : Andy Ross. Il avait monté un petit label après avoir vendu Blur à EMI et il voulait signer un truc barjot. Et j’avais fait un album pas mainstream, tout enregistré en 8 pistes à l’arrache, sur la pochette j’avais de la mousse à raser sur la gueule. Donc ça tombait bien car il voulait repartir avec un truc basique, ainsi j’ai vécu deux ans super avec lui. On a fait la BBC, toutes les radios anglaises et de Los Angeles, des premières parties de gros groupes. Son label ne marchait plus, alors je suis revenu à Paris et j’ai rencontré les mecs d’Ici d’Ailleurs. J’avais enregistré « Under The Trampoline » entre temps à Londres. On a sympathisé et j’ai signé chez eux.
Mais « Under The Trampoline » n’a pas très bien marché : ici, quand tu chantes en anglais les gens s’en foutent.
Sur « Under The Trampoline », tu avais un tube avec « The Last Wig », as-tu réessayé d’avoir un tube pour le troisième ou tu t’en foutais ?
Un tube ? Pas en termes de ventes en tout cas ! (rires)
Bon il était un peu sexy comme on dit dans les maisons de disques. Je l’ai revendu pour une musique de pub (Joker). Ça a permis de financer « Cuchillo », en fait TF1 a payé « Cuchillo »…
« The Last Wig » est sorti en troisième single en Angleterre alors qu’en France c’est tout de suite celui-là qui a plu. D’un pays à un autre, le terme catchy change littéralement, je l’aurais sorti dans les Balkans, ils auraient trouvé un autre morceau en single. Donc je ne peux pas trop anticiper. Puis je n’allais pas greffer un morceau qui n’aurait rien eu à voir avec le reste de l’album. Il n’y a pas trop de calcul à ce niveau là, par contre à d’autres niveaux énormément ! (rires)