HOPPER – Deergirl
(MVS / Anticraft) [site] – acheter ce disque
Les quintes augmentées qui introduisent le second album de Hopper le mettent d’entrée sous des auspices familiers à l’amateur d’indie rock : on pense tout de suite à Sonic Youth à l’écoute de ces trente secondes de montée en puissance bruitiste pop dissonante, tendance "Dirty Boots" : guitares saturées, art du dérapage et du décalage, sens de la dynamique. Voilà une introduction plutôt enthousiasmante à un album dont la limite se trouve justement aussi dans l’allégeance appuyée à un certain rock américain. Ceci étant dit, les Parisiens se satisfont très honnêtement de cet état de fait, et proposent onze titres d’indie pop rock efficace, aux constructions bien senties.
Sans briller par des mélodies exceptionnelles, les morceaux, franchement pêchus pour la plupart, sont visiblement taillés pour la scène, et alternent avec un certain bonheur couplets martiaux et refrains scandés (comme sur "Tell Everybody", une sorte de tube potentiel un peu bordélique). Le tout est soutenu par une batterie dynamique en diable, et servi par deux voix féminines (les deux guitaristes, Aurélia et Dorothée), pleines d’énergie mordante, qui se complètent à tout va.
On regrettera donc seulement l’uniformité de l’album qui peine quelque peu à sortir des sentiers battus. Les risques pris par Hopper restent assez balisés : le bruitisme pop hérité de Pavement ou de la scène belge constitue certes un noble lignage, mais leur influence est aussi un appel à innover. Hopper choisit de rester dans les clous, ce qui leur réussit plutôt bien, mais fait aussi de "Deergirl" un album finalement assez sage.
David Dufeu
A lire également, sur Hopper :
la chronique de « A Tea With D. » (2004)
Ariane’s Thread
Rock N’Roll High
Rainy Days Smell Like Glue
Malcolm
Tomorrow Is a Mystery
The Other Me
Tell Everybody
We Trust in Love Without Your Drugs
Life Is Not a Test
Since You’ve Slid Into Eternal Slumber
On the Road