ZOMBIE ZOMBIE – A Land For Renegades
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Que peut donner la rencontre de deux musiciens fans d’électronica sixties et de film d’horreur cultes et millésimés lors d’une rétrospective Dario Argento ? Zombie Zombie constitue une réponse des plus intéressantes à cette question. Duo formé de Cosmic Neman, batteur émérite d’Herman Düne et d’Etienne Jaumet, membre entre autres de Married Monk, Zombie Zombie se place dans une position d’esthètes pour ce premier album, "Land for Renegades", après plusieurs années à écumer les scènes de France et d’ailleurs. L’hommage rendu par le groupe aux pionniers de la musique électronique des années 60 est indéniable : Pierre Henry, les Silver Apples (dont Zombie Zombie a fait la première partie récemment), ou encore White Noise, Eno et Kraftwerk reviennent naturellement en tête tout au long de cet album. Les derniers, notamment, par le sentiment d’être en présence d’un disque fait pour les longs trajets nocturnes en voiture sur des autoroutes désertes (sur "Before Night Falls", en particulier). Le potentiel visuel de leur musique n’a pas échappé au groupe, qui a voulu faire de son album la BO d’un film d’horreur imaginaire, dans la droite ligne de leurs goûts cinématographiques pour les productions de série B et Z. Les onze titres représentent donc les différentes scènes de ce film virtuel, au cours desquelles la batterie se fait tour à tour tribale ou répétitive et velvetienne, les claviers moogs ou synthés analogiques tissent des nappes sonores ou lancent des riffs cinglants, tandis que des samples vocaux ou dissonances électriques peuvent faire basculer l’auditeur dans un véritable état de terreur en trois accords bien placés. En ce sens, certains aspects de la musique du groupe n’est pas sans rappeler le très beau trio Add (N) to X. Autre racine de cette musique, The Stooges – "Driving the Road Until Death Sets You Free" sonne comme la transcription électronique et instrumentale de "Down on The Street" – et Iggy Pop plus particulièrement, dans sa période berlinoise aux côtés de Bowie. Zombie Zombie reprend ici "Nightclubbing", seul titre véritablement chanté de l’album, ponctué de cris tels que l’Iguane peut en produire sur scène ou sur disque. Ce qui permet à l’album de tenir durablement sur la platine tient à la présence de mélodies solides et accessibles, qui rendent chaque morceau identifiable et, en un sens, pop. Ils sont aidés dans cette démarche par la présence de David-Ivar Herman Düne et de Turzi venus en renfort. Le travail de batterie de Neman, remarquable (ce jeu sur "I’m Afraid of What’s There" !) donne une véritable dynamique et une dimension vivante et humaine à leur musique, et en constitue, à mon sens, le principal atout.
Frédéric Antona
A lire également, sur Zombie Zombie :
l’interview (2008)
Driving This Road Until Death Sets You Free
I’m Afraid of What’s There
A Land For Renegades
Interlude
What’s Happening in The City?
Before Night Falls
Jay Rules
Psychic Harmonia 2
Texas Rangers
Nightclubbing
When I Scream You Scream