Retour sur nos sympathiques retrouvailles avec le Suédois, dans les loges du Nouveau Casino, juste avant son pétillant concert parisien de février dernier.
La dernière fois qu’on s’était vu, c’était au début de l’année 2006, et tu était très enthousiaste à propos de cette année qui commençait, tu avais même fait des tee-shirts… Alors, comment se sont passées cette année-là et celle d’après ?
Avec le tee-shirt et tout ça, je crois que j’essayais de me forcer à être enthousiaste, parce qu’intérieurement je n’étais pas sûr d’être aussi enthousiaste. Je venais de revenir à la musique après une pause et je me demandais si c’était vraiment ce qu’il fallait faire. Et puis je suis allé au Japon. J’ai vu un groupe sur scène, Maher Shalal Hash Baz. A un moment, il jouait une chanson, et je me suis dit « c’est la chanson la plus géniale que j’aie jamais entendue ». Je la connaissais, mais je n’arrivais pas à remettre un nom dessus. Et puis en la chantant en même temps qu’eux, je me suis rendu compte que c’était « Black Cab » ! Le fait d’entendre ma musique de l’extérieur, en quelque sorte, pour la première fois, cela m’a totalement convaincu de me remettre au travail. C’est seulement à ce moment-là que j’ai réalisé ce que signifiait le tee-shirt « 2006 ».
Est-ce que cela veut dire que tu avais besoin de reconnaissance par tes pairs pour retrouver confiance en toi ?
Non, plutôt que j’avais besoin de me redécouvrir de l’extérieur, redécouvrir mes chansons, mes idées. J’étais trop impliqué dans ma propre musique, trop proche d’elle. C’est pour cela que pendant mon break de 2005, j’ai dû effacer quelque chose comme 500 chansons. J’étais trop immergé en elles pour les laisser partir, elles me plombaient littéralement. Donc j’ai dû me débarrasser de tout ce qui avait trait à elles. J’ai dû repartir d’une page blanche, en quelque sorte.
Tu te sens plus capable de vivre avec tes vieilles chansons aujourd’hui, de continuer à les jouer tout en en écrivant de nouvelles ?
Oui, je le pense. Je ne sais pas trop ce que je vais faire après cette tournée. Une part de moi envisage de monter un sitcom pour la télé ou quelque chose comme ça. Je commence à penser en termes de dialogues, d’histoires, mais d’une manière différente, pas d’une façon musicale. Cela fonctionne parfois ainsi, par exemple sur « A Postcard to Nina », mais j’aspire à quelque chose d’autre. C’est un besoin assez fort dans ma tête.
Tu te sens parfois contraint par le format étriqué de la chanson ?
Oui, parfois. Mais d’un autre côté, j’aime cette contrainte. Cela te force à te concentrer, j’aime ça. J’aimerais y revenir, bien entendu, mais pour le moment, j’ai plus l’envie de me lancer dans l’écriture d’un script… cela dit, je pense toujours que je vais faire quelque chose de différent, et je ne le fais jamais vraiment… Je n’y connais rien en écriture de script !
Peut-être que la meilleure chose à faire c’est d’essayer ?
Oui, tu as raison (rires).
Tu as des références en matière de séries télé ou de scénaristes ?
Avant d’écrire le dernier album, j’ai regardé la série M.A.S.H, de la saison 1 à la saison 11. 258 épisodes si ma mémoire est bonne. Cela commence comme une série totalement loufoque, même si elle parle d’un sujet sérieux, la guerre. Et le dernier épisode dure 2 heures, sans la moindre blague, c’est un très bel et digne adieu à tous les personnages de la série, auxquels on a fini par s’attacher au fil des saisons. J’y ai vu une référence à mon songwriting, parce que si j’écris beaucoup de chansons un peu stupides, avec des personnages fantaisistes – je me considère comme un entertainer – à la fin, j’essaie toujours d’enrober la chanson dans une sorte de dignité, de sérieux, je afin que l’humour ne s’exerce pas aux dépens des personnages. Sur « A Postcard to Nina », c’est pour cela que j’ai signé de mon nom, pour conférer à la chanson un certain sérieux.