CASS MCCOMBS – Dropping the Writ
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Pendant l’écriture de cet album, Cass McCombs a viré de bord. Il a quitté le Nord de la Californie, sa noirceur, son brouillard et son intellectualisme, pour le Sud de la Californie, le soleil permanent, les plages, les vagues et la musique de surf. Et ce changement n’a absolument pas affecté sa musique. Pas d’harmonie vocale à la Beach Boys, pas de sunshine-pop à guitares cristallines et surtout pas de surf-music. Seulement le même talent pour les mélodies justes et les paroles qui font mouche. A ce titre, "Lionkiller", la chanson qui ouvre l’album, est un bonheur de réserve, de sous-entendu et d’humour savamment travaillé.
Pourtant, il est impossible d’écouter "Dropping the Writ" sans penser à une certaine rupture par rapport aux albums précédents, un changement permanent diront certains, face aux différents styles musicaux évoqués à travers les dix titres de l’album. Là où "PREfection", son précédent opus, faisait la part belle à la pop intello d’antan (pensez aux Smiths ou à Elliott Smith) en tirant pleinement parti du talent de compositeur de Cass et de sa voix d’ange, le nouvel album, lui, s’attache à installer des ambiances, à raconter des histoires, la musique et la voix (toujours aussi belle) n’étant que les accessoires de ses chansons qui deviennent beaucoup plus complexes, plus savantes et plus intéressantes aussi. A un premier degré, on peut écouter une chanson comme "Crick in My Neck" pour son refrain pop facilement mémorisable, mais rapidement le reste de la chanson se révèle. La recherche des arrangements, les changements d’instrumentation, de tempo, les effets vocaux, les expérimentations discrètes qui attirent l’oreille et rendent la chanson encore plus attachante. Cass McCombs ne se contente plus d’écrire des chansons, il crée des univers et demande à l’auditeur de les habiter.
Il n’y a pas de méga tube comme "Sacred Heart" sur cet album. Mais c’est tant mieux. L’ensemble est plus cohérent, plus dense, beaucoup plus réussi. Cass McCombs a beaucoup été comparé à Prefab Sprout et si "PREfection" était son "From Langley Park to Memphis" alors "Dropping the Writ" sera son "Jordan: the Comeback", un chef-d’oeuvre long en bouche qui se révèle au fil des écoutes.
Gildas Le Pallec
Lionkiller
Pregnant Pause
That’s That
Petrified Forest
Morning Shadows
Deseret
Crick in My Neck
Full Moon Or Infinity
Windfall
Wheel of Fortune