ROBIN FOSTER – Life Is Elsewhere
(Last Exit Records) [site] – acheter ce disque
Jeune guitariste anglais, Robin Foster vit en Bretagne, où il a conçu cet album, qui sort après un petit succès Myspace mais sans avoir été précédé par un single. Et lorsque l’on écoute pour la première fois "Life Is Elsewhere", on comprend que la notion de single ne peut vraiment coller avec ce qu’offre Robin Foster. Il faut du temps et l’enchaînement des chansons pour que celles-ci prennent l’auditeur, et que celui-ci s’installe dans l’univers du jeune Anglais.
La dimension visuelle des compositions est sans doute l’élément le plus frappant lorsque résonnent les premières notes, et aussi la première manière de s’approprier le disque. On pense ainsi aux villes illuminées la nuit, ainsi que les montre souvent Michael Mann, on pense aussi à l’agitation frénétique du Los Angeles de Blade Runner. Les ambiances des morceaux se doivent donc d’être particulièrement soignées pour que l’auditeur accepte de suivre la voie du jeune Anglais, et il est évident qu’il a su s’entourer, en l’occurrence par un collectif de musiciens qui se surnomme "Never meet your heroes". S’il ne doit pas nous être donné de les rencontrer, il faudra leur dire qu’ils ont fait un beau travail, évoquant tour à tour un Sigur Rós urbain, qui se couple à la rigueur presque mathématique de Mogwaï : ainsi aux nappes de guitares s’ajoutent parfois des rythmes tantôt violents tantôt éthérés, des explosions sonores qui empêchent au disque d’être linéaire. Le style musical ne s’y prêtant que peu, le disque est presque dépourvu de chant. Il y en a tout de même : cela s’en ressent, et c’est sur "Down" et "Goodnight & God Bless" que le mécanisme d’interprétation est le plus difficile pour l’utilisateur, tant le chant (assez banal) vient parasiter l’efficacité de la musique. Celle-ci n’atteint son but que lorsqu’elle est débridée, qu’elle joue avec les émotions de l’auditeur. Robin Foster y arrive presque à chaque fois avec brio, dans un format long comme "Disco Ouessant", plus de 9 minutes d’une montée en puissance musicale savamment dosée, ou sur les plus concis "Blue Lights at Dusk" et "Save the Cheerleader". Bande-originale des idées du jeune Anglais, ce "Life Is Elsewhere" est pareil à un long voyage, fait d’émotions et de sensations qui s’entrechoquent. Disque exigeant, il récompensera néanmoins largement ceux qui s’y plongeront.
Mickaël Choisi
Last Exit / Brest by Night
Disco Ouessant
Goodnight & God Bless
Loop
D.A.D.O.E.S
Down
Life Is Elsewhere
Blue Lights at Dusk
Prelude (to the End)
Save the Cheerleader