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Interviews

Stephen Malkmus – Interview

Mardi 5 février 2008 : c’est le « super tuesday » des primaires américaines. C’est aussi le « super mardi » du chroniqueur de POPnews qui est reçu par le pape de l’indie-rock, Stephen Malkmus himself, en promo à Paris pour la sortie du nouvel album de son groupe post-Pavement, The Jicks. Souriant et volubile, l’homme le plus nonchalant du monde reste allongé de tout son long dans le canapé, la tête posée sur l’accoudoir, durant l’entretien.

Stephen Malkmus, par Julien Bourgeois

Euh… pas trop fatigué ?
Ça va. Si j’étais chez moi, ce serait encore pire : j’ai deux enfants, l’un de 3 ans et l’autre de 1 an. Alors la promo, à côté, c’est rien. Et puis le groupe m’a chargé de le représenter : je ne dois pas le décevoir.

« Real Emotional Trash », sort dans quelques semaines en France. Après tant d’albums, est-ce que c’est encore un moment que l’on attend avec impatience ?
Oui, c’est toujours excitant. En plus, on est content du résultat. Bien sûr, il y a toujours des regrets, des petites choses que l’on souhaiterait pouvoir modifier. Mais pour le moment, on n’a pas encore assez de recul pour voir les défauts de l’album, alors il n’y a pas de syndrome post-partum. On a envie de jouer les chansons en live ; on ne devrait pas s’en lasser avant plusieurs mois.
En plus, le disque a reçu un accueil positif aux Etats-Unis : il y a de bonnes critiques, les gens aiment les nouvelles chansons…

C’est un disque différent de « Stephen Malkmus » et de « Face the Truth ». Comment présenterais-tu l’album ?
C’est difficile… Euh… de longues chansons de rock psychédélique ? « Real Emotional Trash » est simplement le titre d’un des morceaux. On n’avait jamais encore baptisé un album d’après le titre d’un des morceaux, alors voilà… On trouvait juste que ça sonne bien.
On ne cherche pas spécialement à tout prix à faire des disques différents les uns des autres. Mais quand on enregistre, on se souvient de tout ce qui ne fonctionnait pas sur l’album d’avant, et on cherche à faire les choses autrement. Je pense que c’est un processus assez normal !

Certains morceaux de l’album sont effectivement très longs. Comment prennent-ils forme ?
Je joue de la guitare acoustique à la maison. Quelques notes, quelques accords. Ça vient comme ça. Faut que ça sorte. Lors des répétitions, je joue ces petits morceaux de chansons aux autres. Ils me disent s’ils aiment ou s’il vaut mieux laisser tomber. Je ne sais jamais vraiment ce que ça vaut, alors je les laisse choisir. En un sens, ce sont eux qui écrivent les chansons. On rajoute ensuite plein de passages différents, et on se retrouve avec des morceaux de 20 minutes. Et on les raccourcit quand on enregistre. Un musicien de Bruce Springsteen disait qu’il jouait exactement ce qu’on lui demandait de jouer. Mais bon, il était payé 4000 dollars par semaine. On ne peut pas faire ça avec The Jicks, je n’ai d’argent à donner à personne ! C’est un vrai travail de groupe : tout le monde a son mot à dire.

Stephen Malkmus, par Julien Bourgeois

D’où te vient ce goût pour les structures de morceaux alambiquées ?
De la musique que j’écoute. C’est une question d’influence, je suppose : Captain Beefheart, Neil Young, le Velvet Underground…

La chanson « Real Emotional Trash » m’a fait un peu penser au « Street Hassle » de Lou Reed.
C’est vrai que c’est le même genre de morceaux en plusieurs mouvements. J’aime beaucoup Lou Reed. À mon avis, « Street Hassle » est d’ailleurs son dernier grand album sombre et brut. Ensuite, il a fait « The Blue Mask » qui est bien aussi, mais très différent.

« Hopscotch Willie » raconte l’histoire d’un tueur. C’est un peu ton « Maxwell’s Silver Hammer » ?
(rires) Complètement ! Dans le même genre il y a aussi le « Bad, Bad Leroy Brown » de Jim Croce (il chantonne). Quand une chanson repose sur quelques notes très simples, l’auditeur s’attend à ce que l’on raconte une histoire. Tout vient des premiers mots : après avoir commencé à chanter « Hopscotch Willie », je suis obligé de développer le personnage.
Ça n’aurait pas été possible avec « Elmo Delmo » : la structure de la chanson est trop complexe pour permettre de suivre une histoire. A la place, c’est donc une suite d’images décousues.

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